Enfant, Ana Hügle ne rêvait pas de devenir princesse, mais d’avoir son propre hôtel ou restaurant. «Cela a toujours été une évidence pour moi.» L’Allemande de tout juste 20 ans a grandi dans une ferme du sud de l’Allemagne, à Ravensburg, au bord du lac de Constance. «Représentante de la 11e génération, je suis très attachée à mes origines et aux valeurs familiales», partage-t-elle. Ses parents ont transformé cette bâtisse du 14e siècle en hôtel-restaurant thématique, le Hofgut Hügle, une ferme d’aventure pour les familles. «J’ai toujours été en contact avec le milieu de l’hospitalité et cela m’a toujours plu. J’ai aidé mes parents, dès que j’ai pu, vers l’âge de 14 ans.»
Ana Hügle a rejoint l’EHL en septembre 2024 pour son année préparatoire. Mais avant de se lancer dans cette voie, elle a souhaité acquérir de l’expérience. Dans l’hôtel et le restaurant familial mais aussi en tant que serveuse et barmaid dans sa ville natale. «Mon entourage m’a beaucoup interrogée sur mon envie de suivre la voie de mes parents, en me rendant attentive au stress, aux horaires de travail. J’ai donc assez vite voulu vérifier mon choix, ailleurs que dans l’établissement de mes parents. C’était parfois un peu dur de travailler si jeune dans le service, mais cela ne m’a pas démotivée.»
L’expérience accumulée l’aide dans son quotidien d’étudiante. «Mes études me plaisent beaucoup. Il s’agit d’une belle entrée en matière avec cette industrie, les cours et les workshops sont très variés. Je n’avais par exemple jamais eu l’occasion de travailler en cuisine et j’ai adoré.» Elle apprécie particulièrement l’expertise des professeurs de l’EHL: «Leur savoir n’est pas purement théorique, mais bien ancré dans la pratique.» En mars, cette adepte des voyages entamera son premier stage de six mois au Ritz Carlton de Kyoto, au Japon, dans le F&B. Elle se réjouit d’y apprendre les bases de l’accueil au sein d’un hôtel de luxe classique.
La culture du service repose sur un état d'esprit. Il faut aimer les gens, peu importe l'hôtel où on travaille. C'est la façon d'aborder les choses qui compte
Pour elle, travailler dans l’hospitalité n’est pas donné à tout le monde. «La culture du service repose sur un état d’esprit. Il faut aimer les gens, peu importe qu’on travaille dans un hôtel rustique ou de luxe. C’est la façon d’aborder les choses qui compte, la flexibilité est aussi importante.» Elle a déjà eu l’occasion d’accueillir les plaintes de certains clients dans l’hôtel de ses parents: «Certaines personnes arrivent déjà de mauvaise humeur. Parfois, nous arrivons à améliorer leur journée, mais pas toujours.»
Ana Hügle pourrait s’imaginer, à terme, de reprendre l’hôtel de ses parents. «Je le vois comme une base que l’on peut ensuite faire évoluer, tout comme mes parents l’ont fait. Le monde change et on doit évoluer avec lui.» En tant que future directrice d’hôtel, elle aimerait privilégier une approche conviviale que ce soit avec les collaborateurs, au sein des équipes, et avec la clientèle. «J’aimerais donner l’impression de ne pas arriver dans n’importe quel hôtel. La personnalisation de l’accueil est pour moi essentielle.»
La durabilité fait partie des thèmes qui lui tiennent à cœur, tout comme «l’empowerment» des femmes et l’équilibre entre vie privée et professionnelle. «Mes parents m’ont initiée au yoga et à la méditation. Cela m’inspire. Dans nos sociétés occidentales, nous sommes trop stressés et focalisés sur le travail. Je pense qu’un changement est nécessaire, surtout dans les métiers de l’hôtellerie-restauration.»
A-t-elle déjà songé à la manière d’y arriver? La réponse fuse: «Je trouve la semaine de travail de quatre jours intéressante. Tout comme le fait d’offrir du temps rémunéré aux employés afin qu’ils puissent accomplir un projet social ou communautaire. Il est aussi nécessaire d’offrir un environnement sain aux collaborateurs. Cela peut se traduire par exemple par une nourriture saine à la cantine ou des possibilités de pratiquer une activité sportive.»