Pierre-Henri Perrin, vous dirigez le Geneva Marriott Hotel, quelle est l’importance pour le groupe de l’ouverture prochaine de ce premier hôtel sous sa propre franchise à Genève? 
Il s’agit d’un grand évènement d’arriver avec la marque emblématique du groupe à Genève. On le ressent auprès de nos collègues localement et à l’international. Nous nous situons encore dans la phase de pre-opening de cet hôtel de 263 chambres et suites qui ouvrira ses portes le 11 juillet 2022. Après le Marriott à Zurich et le Marriott à Bâle, ouvert en juin avec 238 chambres et suites, notre ouverture à Genève représente le troisième établissement de la marque Marriott Hotels en Suisse. 

Vous vous situez dans la zone de l'aéroport. Que peut amener cet établissement de nouveau sur ce marché déjà très concurrentiel? 
L’ensemble de la destination vient de vivre deux années totalement imprévisibles que personne ne pouvait envisager. Je viens d’en parler avec Antoni von Planta, le directeur du Ritz Carlton Hotel de la Paix, également membre du groupe, qui se réjouit actuellement, comme moi, du réel retour de la clientèle à Genève. En ce qui concerne ce projet, à 10 minutes en transports publics du centre-ville, il a émergé en 2008 grâce à la vision de l’entrepreneur genevois spécialisé dans l’automobile André Chevalley, et la première étude date de 2014. Donc il a fallu créer une approche très innovante et écoresponsable sur une dizaine d’années.

Le lieu sur lequel vous vous situez à Meyrin a eu plusieurs affectations… 
Oui, il s’agissait d’un ancien entrepôt de Coca-Cola. Puis d’un lieu qui développait le chauffage à distance, ce qui nous a permis de nous raccorder au CAD qui garantit de la chaleur provenant de la valorisation des déchets domestiques. Nous sommes aussi équipés d’une climatisation responsable grâce à de l'eau collectée dans la nappe phréatique située sous l’hôtel pour refroidir le bâtiment que l’on retourne à la terre sans pollution et un système de vitres intelligent permettant de contrôler l’ensoleillement et de réguler la température ambiante. 

Le segment quatre étoiles supérieur vous semble le plus approprié… 
Oui. Même si pour cette marque il existe aussi des cinq étoiles comme l’Hôtel Paris Marriott Champs-Elysées, ici, à Genève, et avec le Bureau MaS ainsi que le bureau d’architecture intérieure Living Design, ce qui nous a guidés, c’était surtout une attention très particulière aux détails, avec beaucoup de lumière et des espaces inspirants, notamment 1800 mètres carrés d’espaces de réunions. Et de grandes hauteurs de plafond dans nos belles suites. 

Hilton vient d’arriver fin 2020 avec 486 chambres sur ce même marché de l’aéroport. Pourquoi de grands groupes internationaux, comme les vôtres, viennent avec des marques fortes sur cette zone? 
Genève bénéficie d’une véritable dynamique, avec la présence des Nations Unies, son tissu économique et horloger ou sa nouvelle zone industrielle de prestige de Plan-les-Ouates. Et des évènements ponctuels plus ciblés comme le Street Food Festival ou le Geneva Lux, le festival de lumières. Je pense aussi que la Suisse sait développer un tourisme écoresponsable qui fait du bien à l’âme. 

Pouvez-vous contribuer à réactiver certains marchés, notamment anglo-saxons, avec votre programme de fidélité et vos membres?
Marriott Bonvoy est en effet l’un des programmes de fidélité les plus forts au monde avec 160 millions d’adhérents. Il peut contribuer à mettre en lumière la destination et réactiver le marché pour montrer que Genève reste un des secrets les mieux gardés au monde.  

Comment collaborez-vous avec les plateformes de réservation et que pensez-vous de l’évolution récente de la Lex Booking en Suisse?
Le groupe Marriott International assure une parité tarifaire sur l’ensemble de ses réseaux de distribution. Donc pour nous, l’égalité de traitement nous semble naturelle. A titre très personnel, je pense tout de même important que l’hôtellerie indépendante puisse bénéficier de garde-fous pour pouvoir vendre prioritairement sur leurs réseaux et assurer des sources de business variées au lieu de rester totalement dépendante d’un ou de plusieurs prestataires. 

Quels ont été vos processus de recrutement? Avez-vous ressenti les effets des problèmes de recrutement de personnel évoqués dans toute la branche?
Nous avons recruté des profils localement mais aussi partout en Europe, notamment des personnes qui travaillaient à Paris ou à Barcelone. Je dirigeais le Renaissance Barcelona Hotel au Pau Claris et j’aimais ce mélange d’authenticité, de culture très ancré et d’innovation. On retrouve quelque chose du même type ici autour du lac et nos futurs employés le ressentent. On recherche 110 personnes au total et nous pouvons déjà compter actuellement sur 80 collaborateurs. La crise a eu un impact réel sur nos métiers, mais je rencontre encore énormément de jeunes passionnés qui nous rejoignent par vocation. L’ouverture d’un hôtel reste un évènement. 

La taille gigantesque du groupe Marriott International ne représente-t-elle pas un obstacle?
Je suis rentré chez Marriott par hasard il y a 17 ans, car l’hôtel où je travaillais avait été racheté, et je reste étonné par les possibilités de développement humain dans ce groupe et la possibilité d’accéder à un rêve. Nous gérons 8000 hôtels dans le monde, et dans chaque pays, un business council permet d’échanger entre nous. Par exemple, en synergie avec les autres hôtels du groupe en Suisse, nous venons de recueillir 12 000 francs pour l’action Etoile d’Espoir, un orphelinat à Alba Iulia, en Roumanie.

Vous dirigiez le W Paris Opéra… Quelle différence fondamentale voyez-vous entre l’établissement parisien et l’hôtel genevois?
Le groupe Marriott International comprend 30 marques. Difficile de comparer la marque W et la marque Marriott Hotels. Le W se situe dans le segment du luxe disruptif avec le slogan «detox, retox, repeat», les clients vivent à 4000 à l’heure. Avec Marriott Hotel, on se situe plus dans un cœur de métier inventif, réflexif, dynamique. Comme l’illustre notre partenariat avec TEDx, avec la diffusion de vidéos dans les chambres, nous pouvons également organiser des talk dans nos hôtels.   

Parcours
Plus de 20 ans dans
l'industrie hôtelière


Destiné à un métier dans la finance, par le biais d’une filière de Hautes écoles françaises, Pierre-Henri Perrin, directeur général du Geneva Marriott Hotel, découvre le métier de l’hôtellerie grâce à un emploi saisonnier dans une brasserie. Il a servi ses premières fondues dans le Jura français. Une passion naît immédiatement pour ce secteur qui le pousse rapidement à changer de cap. Il est diplômé d'un Master Hotel & Catering Management de l’Université de Strasbourg. Il travaille depuis 24 ans dans l’industrie hôtelière, dont 17 ans au sein du groupe Marriott. Il a notamment dirigé le Renaissance Paris Vendôme. aca