L’Association romande des hôteliers (ARH) vient de tenir ce matin une conférence de presse, à Lausanne, elle tient à s’exprimer clairement sur la crise actuelle liée au coronavirus: «L’hôtellerie romande subit de plein fouet les conséquences économiques liées à la problématique du coronavirus. Les annulations ont débuté en février et se poursuivent de manière récurrente avec des effets sur les mois de mars, d’avril, mai et juin. Dans une telle situation de crise, les annulations ont des effets visibles immédiatement. Les hôtels se vident du jour au lendemain. Si elle devait perdurer, cette crise aura des conséquences dramatiques sur la branche. Nous lançons un appel aux cantons de Vaud, Fribourg, Neuchâtel et Jura pour que des mesures de soutien soient prises à très court terme.»
L’ARH par les voix de son président Philippe Thuner et de son directeur Alain Becker a ensuite détaillé son analyse: «C’est le segment « business » qui représente la plus grande partie des annulations (60 à 80% des annulations), suivi du segment « événements - congrès, salon, manifestations sportives et culturelles – (20 à 40% des annulations) et enfin du tourisme (5 à 20%). Les taux d’occupation des hôtels ont chuté de manière abrupte. Ils sont passés de 60, 70, 80% en quelques jours à 5, 15 ou 30 %. Par conséquent, le chiffre d’affaires est lui aussi en chute libre. Sur le seul mois de mars, les petits hôtels ont des pertes de chiffres d’affaires de CHF 10'000 à CHF 50'000, les hôtels de taille moyenne des pertes de CHF 50'000 à CHF 200'000 et les grands hôtels des pertes de plusieurs centaines de milliers de francs. Tous les cantons et toutes les régions, même les plus périphériques, sont touchés. Celles qui le sont dans une moindre mesure aujourd’hui attendent avec angoisse les jours à venir. Les pertes conséquentes de recettes sur plusieurs semaines et mois sont perdues à jamais. Il ne sera pas possible de les rattraper. A cela s’ajoute le fait que tout hôtel doit faire face à des charges fixes incompressibles (de l’ordre de 60 à 70% des charges). Il est fondamental que les pouvoirs publics prennent conscience de l’extrême gravité de la situation qui se transformera en catastrophe pour la branche si les effets économiques du coronavirus perdurent. Les licenciements seront malheureusement inévitables et des faillites d’établissement hautement probables. Si l’hôtellerie est le pilier du tourisme, elle est aussi indispensable à l’activité économique d’un canton et à son développement.»
L’ARH a encore annoncé ses priorités à la Confédération et aux cantons.
La première priorité est le maintien des emplois. Dans une branche où le recrutement est déjà suffisamment difficile, il est fondamental que les hôtels, dans la mesure du possible, puissent conserver leur personnel pour reprendre l’exploitation après la crise. L’ARH demande que: «La procédure pour la réduction de l’horaire de travail soit simplifiée, allégée et accélérée; Les décisions prises par le SECO récemment vont dans ce sens, ce qui est satisfaisant. Le droit à la réduction de l’horaire de travail soit étendu aux indépendants et aux travailleurs qui disposent d’un contrat à durée déterminée.»
La deuxième priorité est d’assurer les liquidités pour éviter les faillites. De nombreux hôtels seront rapidement en difficulté financière. Comme il n’est pas possible d’agir au niveau des recettes, il est indispensable de réduire le poids des charges à court terme par des reports ou allégements d’impôts, de taxes ou de factures diverses. L’ARH ne doute pas de la créativité des collectivités publiques pour venir en aide à une branche qui n’a jamais vécu un tel marasme.
La troisième priorité est de mettre les services clés de l’Etat en «mode urgence». «Il y a une urgence sanitaire mais aussi une urgence économique. Il est capital que des services clés tels que Service de l’emploi, Caisse cantonale de chômage ou autre soient urgemment renforcés afin de faire face à la demande», déclare l’ARH. (htr/aca)