Faciliter le lien entre les étudiants et les hôteliers et restaurateurs pour créer des petits jobs d’appoint profitables à tous. Alain Becker, directeur de l’Association romande des hôteliers (ARH), trouvait surprenant qu’en Suisse la branche collabore peu avec des jeunes de moins de 25 ans, alors que cela paraît évident, notamment en France.
L'ARH a mis sur pied depuis une année un groupe de travail sur ces questions. Et cela permet de faire évoluer les mentalités: «L’Université de Lausanne (Unil), celle de Neuchâtel et les hautes écoles Arc jouent le jeu et transmettent le message. Nous avons établi une liste d’établissements intéressés, à travers une vingtaine de nos membres que les étudiants pouvaient contacter directement.» Cela concerne surtout des établissements en ville, notamment en raison de leur proximité géographique, mais pourrait aussi intéresser des stations pour des postes saisonniers de deux mois l’été.
L'importance d'une solution à court terme
De son côté, GastroVaud vient de lancer une formation gratuite destinée aux étudiants de l’Unil en quête d'un job d’appoint: «Le b.a.-ba d’un extra». Résultat: plus de 250 inscrits, dix fois plus que ce que l’association espérait.
«Un immense succès, qui rompt avec le fatalisme ambiant et une nouvelle bienvenue, à la veille de la réouverture des terrasses», se réjouit Gilles Meystre, président de GastroVaud. Il souligne l’importance de cette solution à court terme: «Les étudiants n’ont en principe ni charge de famille, ni obligations professionnelles et parlent généralement à la fois l’anglais et l’allemand. Pour l’hôtellerie-restauration, c’est donc un public de choix pour compléter les équipes», explique-t-il. Une cinquantaine de membres figurent sur les listes. Une formation en complément aux actions en cours à l’échelle nationale, comme le plan d’action de GastroSuisse et la revalorisation des salaires CCNT 2023 notamment.
L’offre proposée se concentre autour de trois soirées gratuites de formation élémentaire organisées dans le périmètre de l’UNIL. Les thèmes évoqués se concentrent sur les bonnes pratiques: autour des secrets d’un service de qualité; les types d’établissements et types de services; l’hygiène; le dressage d’une table et le service des mets; le service du vin et les vins vaudois; la gestion des réclamations et la vente active. Des formations dispensées par Benoît Riboulet, passé par des grandes tables de Suisse romande et formateur en cours d’entreprise pour Hotel & Gastro Formation Vaud, et Jérôme Rottmeier, chef de service au restaurant d’application La Pinte Vaudoise, à Pully, et formateur pédagogique.
A la réception, une équipe de quatre étudiants
L’Hôtel Crystal, trois étoiles de 41 chambres, à Lausanne, reste précurseur de ce type de collaboration. Les étudiants renforcent les équipes depuis les années 2000, notamment pour servir le petit-déjeuner.
Mais depuis que Cédric Fiora a racheté l’établissement familial en 2019, il a décidé d’aller plus loin encore en décidant de permettre à ces réceptionnistes professionnels de travailler sur une semaine de quatre jours entre 8 et 17 heures. Donc entre 17 et 21 heures, il collabore uniquement avec une équipe de quatre étudiants de moins de 25 ans: «On leur apprend les bases, demander une pièce d’identité, sans agresser le client. Mais surtout faire acte de présence dans les check-in et out. Après accusé de réception, les réponses à des demandes d’offre pour des groupes peuvent attendre l’arrivée du réceptionniste qualifié le lendemain matin.» L’hôtelier salue l’engagement des étudiants et leurs compétences en informatique: «Ils ont envie de bosser, ne montrent pas de frilosité. Leur priorité reste le client, mais dans les moments creux, ils peuvent travailler leurs cours.»
Alain Becker se réjouit de toutes ces solutions ponctuelles, mais pense que la branche doit trouver des remèdes plus durables pour répondre à la pénurie de personnel. Il pense qu’il faudrait mettre sur pied une grande campagne nationale de sensibilisation à ces métiers pour donner une dynamique à la relève: «En mettant en avant leurs variétés, leurs perspectives, l’enrichissement à travers d’autres cultures. Nous devons améliorer notre image en valorisant avant tout les relations humaines.»
Une attestation pour postuler
A ce jour, 80 étudiants ont suivi la première session de cours «Le b.a.-ba d’un extra». Elle sera suivie de deux nouvelles durant les semaines à venir.
Une liste d’entreprises recruteuses sera transmise à l’ensemble des participants, qui pourront postuler directement et faire valoir leur attestation de suivi du cours. En ayant acquis des principes de ce type: «Les restaurants qui définissent des protocoles ou qui les réalisent à long terme sont à coup sûr ceux qui réussissent le mieux.»Pour cette formation, GastroVaud collabore avec l’Université de Lausanne, l’Association romande des hôteliers, Hotel & Gastro Formation Vaud et la société Artigus, société exploitante de plusieurs espaces de restauration à l’Unil.