Andreas Banholzer, vous quitterez vos fonctions à la fin février après onze ans à la tête de l'Office du tourisme du canton de Vaud, devenu Vaud Promotion l'an dernier. Le déploiement de cette nouvelle structure se fera donc sans vous... Un choix délibéré?
J'ai postulé pour ce poste mais le conseil d'administration a préféré changer de profil. Je ne veux pas partir amer. Je suis de nature optimiste. J'aimerais saisir cette opportunité pour dresser un bilan de mes compétences. Ces onze ans ont passé très vite. J'ai vécu beaucoup de belles expériences et énormément évolué. Je suis curieux de voir ce que me réserve la suite de ma carrière et reste ouvert à de nouveaux défis.
L'année 2021 était une année de transition. Qu'avez-vous déjà entrepris pour Vaud Promotion?
Nous avons changé les statuts et initié une réflexion en vue de la nouvelle stratégie qui devrait être finalisée d'ici à l'été ou l'automne 2022. Le comité directeur défend une vision très disruptive. La mienne est plus réaliste. Saisir cette vision multisectorielle n'est pas forcément facile. Le but consiste à véhiculer une image plus intégrale du canton de Vaud, en associant d'autres domaines d'excellence comme le sport, le milieu académique, la santé. Communiquer finalement sur un style de vie qui doit attirer, susciter l'envie. Nous avons déjà réorienté certaines activités, comme les voyages de presse, en intégrant par exemple la visite d'une clinique ou d'une haute école.
Pro du marketing et du numérique
Directeur de l'Office du tourisme du canton de Vaud (OTV) depuis mars 2011, puis de Vaud Promotion depuis janvier 2021, Andreas Banholzer quittera ses fonctions à la fin février. Originaire d'Uri, il s'est établi dans le canton de Vaud par amour. Il a d'abord rejoint l'OTV en tant que chef de projet afin d'homogénéiser la communication digitale. Titulaire d'un Master en Business Administration et d'un diplôme de gestionnaire en tourisme, il avait précédemment dirigé Uri Tourisme entre 2004 et 2008.
Florence Renggli lui succèdera à la tête de Vaud Promotion dès le 1er mars.
Qu'est-ce que cela change pour la promotion touristique?
J'estime que le tourisme répond à cette vision globale et devrait rester le moteur de la promotion à l'avenir. J'ai souvent dû répéter que le tourisme ne se limitait pas à l'hôtellerie et à la restauration. Certains partenaires craignent que la part de la promotion touristique soit réduite. Je pense cependant qu'une image forte ne peut que bénéficier à tout le monde.
Une vision inclusive qui vous tient à cœur...
J'ai effectivement défendu une vision neutre et démocratique du territoire. Je me suis battu pour inclure les régions périphériques. Cela ne m'intéressait pas de faire une stratégie que pour les grands. Il faut des locomotives comme le château de Chillon, bien sûr, mais il est important que les petits puissent aussi se développer.
Vous avez aussi mis un point d'honneur à faire du marché suisse un marché prioritaire, et ce bien avant la crise du Covid.
Nous nous sommes efforcés à renforcer ce marché, à l'origine pour des raisons de fluctuation du taux de change. La part des nuitées indigènes est passée de 35% en 2011 à quasi 50% en 2019. Nous avons organisé des campagnes nationales, engagé une agence RP à Berne et sommes allés à la rencontre des médias, en organisant par exemple chaque année en janvier une soirée à Zurich. J'étais toujours du voyage, accompagné d'une personnalité vaudoise. Cette stratégie nous a servis durant cette pandémie. Car il existait déjà une relation de confiance, un capital sympathie avec les médias suisses alémaniques.
Etre suisse alémanique à la tête du tourisme vaudois vous a-t-il avantagé ou pesé?
Peut-être que cela a pu aider un peu, notamment dans le contact avec les médias et les histoires susceptibles de plaire outre-Sarine. Mais à mon arrivée, c'était un grand défi. A commencer par la langue. J'ai passé du temps à bien vouloir comprendre la culture, à écouter les besoins. Je me suis hautement identifié à ce canton, très enraciné. En allemand on dit: «Zukunft braucht Herkunft». Les Vaudois sont fiers de leur territoire, de leurs produits et cela me plaît. Je ne voulais pas tout changer mais valoriser ce qui existait déjà.
«J'ai passé du temps à bien vouloir comprendre la culture, à écouter les besoins»
Andreas Banholzer, directeur sortant de Vaud Promotion
Et cela a-t-il fonctionné comme vous le souhaitiez? Aucun regret?
J'ai souhaité instaurer un climat de confiance, développer une stratégie concertée avec les régions. J'ai toujours consulté nos partenaires. Ils avaient un droit de veto sur tous nos projets marketing. Je voulais qu'ils trouvent un intérêt à nos actions. Nous avons cherché à valoriser les territoires différemment, en développant les domaines d'activité stratégiques (DAS). Ce fil rouge devait leur permettre de mieux travailler ensemble, de réfléchir davantage en termes d'expérience. J'éprouve un petit regret à ce niveau-là: nous aurions pu aller encore plus loin dans cette démarche en créant plus de produits communs.
De quels projets êtes-vous particulièrement fier?
Durant le premier confinement, notre action «Vaud à la carte» a trouvé un très bon écho. L'OTV était le premier à lancer pareille action. Cette situation d'urgence a donné lieu à une belle solidarité. Nous avons convaincu 800 prestataires en un à deux mois alors qu'en temps normal, cela nous aurait pris deux ans! Cette action a ensuite suscité l'intérêt d'entreprises, qui ont acheté pour plus d'un million de cartes ca-
deaux pour leurs collaborateurs.
Votre travail en faveur de la digitalisation de la destination a également été relevé.
Plutôt sceptiques à mon arrivée, les partenaires sont devenus avec le temps de vrais challengers en ce qui concerne la digitalisation. Aujourd'hui, tout le monde a saisi son importance. Je suis fier d'avoir pu créer une plateforme cantonale avec une information touristique commune. Cela ne sert à rien d'investir individuellement dans des sites. Nous avons également créé une mini-agence à l'interne composée de cinq personnes. Cela nous donne une grande autonomie dans la gestion de notre base de données d'images et de vidéos.
Quels sont les temps forts dont vous vous souviendrez?
J'ai été gâté avec la Fête des vignerons en 2019 et les Jeux olympiques de la jeunesse en 2020. Ces manifestations nous ont donné une visibilité internationale, jusque dans le New York Times! Je me souviens aussi de ce voyage de presse organisé par Suisse Tourisme. Nous avons accueilli 150 journalistes internationaux pour un dîner à Epesses. Nous avons dressé une grande table avec vue sur le lac. C'était magique.