La routine n'est pas vraimentson truc, ni les lignestoutes tracées. MarcValentin manoeuvre degrosses cylindrées lorsqu'on lui enconfie les clés, alors que lui-mêmen'a pas de véhicule: «J'en avaismarre des amendes. J'ai vendu mavoiture et me suis acheté un beauvélo.» Cet ancien footeux dribbleavec la vie en fonction des opportunités.Il nous a prévenus: «J'aiun parcours plutôt atypique».Originaire de Bretagne, issu d'unefamille de huit enfants, ce Françaisde 31 ans est devenu en 18mois, une présence clé de l'accueildu Grand Hôtel du Lac de Vevey. Ala fonction de voiturier de ses débuts,il a rajouté celle de conciergeet de réceptionniste. Certains parlentde lui comme «la vitrine» duGrand Hôtel. «Si vous m'aviez ditil y a quatre ou cinq ans que je meretrouverais ici aujourd'hui, je nevous aurais pas cru!» Marc Valentinpour vous servir. Avec le sourire,quoi qu'il arrive.
La confiance à céder les clés desplus beaux modèles de voiture
Il nous présente son terraind'action: «La notion d'accueilcommence par le parking, toutdoit être impeccable. Nous évacuonsles feuilles mortes, balayons letapis d'entrée, ôtons les mégots ducendrier.» Depuis le petit bureauqu'on lui a installé en face de laréception, une webcam l'informede l'arrivée de clients. «Quel quesoit le modèle, on nous fait confiance.Etonnamment, ce sont souventles propriétaires des plusbelles voitures qui nous cèdent lesclés le plus facilement.» Il se montreémotionnellement assez détachéface à ces grosses cylindrées:«Les voitures ne me font pas fantasmer.J'ai plus de respect pourquelqu'un qui admire la nature.»
Marc Valentin a rejoint l'hôtel5 étoiles supérieur en mai 2014,tout d'abord avec un contrat à duréedéterminée. «Ce n'était pas facileau début, j'étais considérécomme simple voiturier. J'ai montréque j'avais envie d'apprendreet d'évoluer.» Il fait part de sa reconnaissance.Ilrelève la dévotionde tous ses collègues,aimerait lesciter un à un. Parmieux, le réceptionnisteRobertKuhn – «il m'a toutappris», dit-il, BettinaFranz, responsabledu bureaud'accueil – «unexemple pour moi, une véritablelocomotive» – et le directeur LucCalifano – «il m'a fait confiance».
Les clés d'or font partie de sesambitions de concierge. En tantque voiturier, «il ne court pasaprès les pourboires» et le réceptionnisteapprécie cette fonctioncentrale de l'hôtel, de l'accueil auxréservations. Bienveillant, il aimele contact humain, soigne l'empathie.«Je suis celui qui sort le plusde l'hôtel. En tant que chasseur,j'accomplis les missions que lesclients m'ont confiées. Poster unelettre, laver leur voiture, acheterun bijou, une montre.» La demandela plus extravagante? Non... ilne voit pas. «Ce n'est pas le stylede ma clientèle.»
Du foot, du droit etMcDonald's
Cette fonctionmulti-casquetteslui sied bien. Ilcherchait un métierqui lui permettede «bouger», dequitter la France. Ila d'abord envisagéune carrière dansle foot, mais obtient finalementune licence de droit dans l'optiquede devenir lieutenant de police:«C'était l'époque où je rêvais derétablir la justice sur terre», souritil.En attendant le concours, il travaillechez McDonald's, qui lenomme manager après un an. Pasentièrement satisfait, il décide dequitter la Bretagne et prend la directiondu Sud de la France. Ilparticipe à la construction d'unhôtel, à Saint-Véran. De cette expériencenaît le déclic pour l'hôtellerie.
Série: Ces fonctions dont on parle moins Le «cahier français» d'hotelrevue propose de clore l'annéeavec une série présentantdes fonctions de l'industrietouristique dont on parle peu,ou moins. Choix subjectifs depersonnalités qui nous semblentreprésenter, à leurmanière, la richesse du mondetouristique en termes decapital humain. Kristina Kalz,digital & social media managerà Montreux-Vevey Tourisme,inaugurait ce panel en quatrevolets la semaine dernièr. |