Quelle est votre objectif en tant qu’association?
Le but de notre association n’est pas d’atteindre tel pourcentage de croissance par an, mais d’attirer tous les hôtels qui veulent adhérer, avec conviction et sérieux, à nos critères de durabilité, pour atteindre une masse critique. Pour nous, les dimensions sociale et écologique sont autant importantes l’une que l’autre.
Dans la philosophie globale de Responsible Hotels of Switzerland, avez-vous l’ambition d’éduquer le client?
Je ne pense pas que notre rôle soit d'éduquer le client, mais l’une de nos missions est de montrer à la clientèle qu’il existe des alternatives. En tant qu’établissements de prestige, nous avons aussi une responsabilité sur les questions qui touchent à l’environnement et à la société, y compris des sujets comme le bien-être animal. Il y a quelques mois, nous avions une discussion sur le thème «quelles limites au luxe?» Par exemple, peut-on encore servir du foie gras? [RELATED]
Comment définissez-vous le luxe, justement?
La définition du luxe évolue. La focalisation sur la marque continue d’exister, mais l’expérience joue un rôle aujourd’hui très important. On pourrait parler de «neo-luxury», un monde où le produit doit être une expérience porteuse de sens. Et dans ce cadre, la durabilité est une composante fondamentale de cette nouvelle définition du luxe. Vivre un moment exceptionnel, savourer des produits exceptionnels, mais en accord avec la nature et non à ses dépens.
Pour ne pas changer les habitudes, on dit souvent que «the customer is always right». Qu’en pensez-vous?
On ne doit pas se cacher derrière l’idée «oui mais c’est ce que veut le client». C’est une excuse trop facile, pour ne pas sortir de sa zone de confort. Luxe et durabilité sont tout à fait compatibles, et il existe beaucoup de choses à faire pour changer l’offre.
Est-ce que vous remarquez des différences d’approche entre Romandie et Suisse alémanique sur ces questions?
On note de très grandes différences. Il y a peu d’hôtels romands qui sont au stade 3 du programme Swisstainable. On remarque que beaucoup d’hôtels 5 étoiles indépendants ont ce label sur leur «to-do list», mais ne le font pas. Les habitudes des clients sont souvent invoquées. Je pense qu'il faut une personne convaincue, et que le volet durabilité soit adapté au concept général de l’hôtel. Auquel cas, la démarche prend tout son sens.