On chérissait son franc-parler: «J’aime m’attabler autour d’une terrine dans le bistrot de mes potes.» La virtuosité directe de sa cuisine: «480 secondes pour poêler une viande.» A l’heure où Philippe Attia, directeur du RoyAlp de Villars, nous confirme l’information parue ce week-end dans le quotidien «24 heures», on est saisi d’un pincement au cœur: le Meilleur Ouvrier de France 2004 quitte l’établissement. Sa panna cotta de fenouil revient hanter nos papilles.

Pour Philippe Attia aussi, il s’agit de la fin d’une longue aventure commune: «J’ai connu Alain Montigny comme sous-chef lorsque je dirigeais le Dolce Chantilly près de Paris, on a toujours bien travaillé ensemble, préparé le concours de MOF, obtenu une étoile à Paris, puis une étoile ici.» Et Philippe Attia de confier: «Peut-être que c’était le moment pour lui de passer à autre chose, il avait envie de voler de ses propres ailes, il a des projets personnels.» Certainement une table à lui, impossible de dire pour l’instant si ce sera en France ou en Suisse. On le suivra de près avec le souvenir de ses deux premières années en Suisse couronnées du titre de découverte GaultMillau 2016.

Pour l’instant, l’aventure gastronomique du Royalp se poursuit avec Grégory Halgand, le fidèle second d’Alain Montigny depuis huit ans. On se souvient de la complicité des deux hommes lors de la finale du prix Taittinger, l’an dernier à Montreux, de leur déception de n’avoir pas remporté le trophée et de leur envie d’aller manger quelque chose de simple et bon pour combler leur âme en peine de compétiteur. Philippe Attia veut recommencer une aventure avec Grégory Halgand: «Je le connais depuis longtemps, il est prêt à prendre sa chance, je le remercie, on veut ensemble sauvegarder notre étoile et pourquoi pas aller vers la deuxième. Nous allons le préparer lui aussi au titre de Meilleur Ouvrier de France.» Et Grégory Halgand connaît l’immensité de la tâche. Alain Montigny disait: «Pendant le concours, j’ai perdu sept kilos en dix jours.»

Il y a des poêlées de seiche aux agrumes, poivrons et basilic qu’on se remémore comme une madeleine. On se réjouit de retrouver Alain Montigny où qu’il soit. Un homme un peu bourru, décidé et tendre finalement.