Les prestataires peuvent se faire labelliser en fournissant les preuves des mesures qu’ils ont prises. Le chemin habituel d’une certification passe par un engagement exprimé par exemple dans la stratégie, suivi d'une autodéclaration et d'un contrôle.
Si cette démarche est claire pour un prestataire individuel tel qu’un hôtel, un restaurant, un musée ou une remontée mécanique, l'agrégation des critères durables pour une destination entière se révèle plus problématique. A ce niveau, on se limite encore trop souvent à des indicateurs globaux qui sont difficiles à mesurer et restent de simples intentions.
Vercorin Tourisme a trouvé une réponse pragmatique à ce défi. Le masterplan 2025, élaboré par la commune de Chalais dans une démarche participative, ne prévoit pas seulement une croissance de 30% des nuitées commerciales et de 20% des fréquences des remontées mécaniques. Ces ambitions sont complétées par un troisième objectif de développement durable: le masterplan 2025 mentionne explicitement que ce développement doit être réalisé sans augmentation de l'empreinte carbone de la station.
Ne restant pas au stade des déclarations d'intentions, la commune et la nouvelle direction ont convenu des indicateurs-clés de performance. Alors que le reporting des nuitées et des fréquences est classique, Vercorin Tourisme innove pour quantifier le bilan carbone: une collaboration avec le fournisseur d'énergie Oiken a permis de mettre en place un calcul de la consommation d'électricité, de gaz, de mazout et de carburants. Ce qui permet dorénavant de quantifier l’évolution du bilan carbone et de le comparer d’année en année.
Le moyen de locomotion des clients représentant l'un des principaux leviers pour agir rapidement sur le bilan carbone, Vercorin Tourisme a par conséquent adapté sa promotion. Hormis les familles avec enfants en bas âge, la station s'adresse aujourd'hui à un segment plus urbain de plus de 50 ans et mise sur sa proximité avec la plaine. En effet, Vercorin est atteignable en 7 minutes en téléphérique et en nettement moins de deux heures en transports publics au départ de Lausanne et de Berne. Le pari marketing consiste donc à cibler des segments plus durables pour améliorer l’empreinte écologique. Et par là même préserver l’environnement qui représente à son tour l’atout de poids de la station. La boucle est bouclée.
La Suisse fait partie des destinations de voyage les plus durables au monde. Une liste non exhaustive tenue par la Fédération suisse du tourisme fait état de son classement mondial. A titre d'exemple, l'Environmental Performance Index 2020 référencie le tourisme helvétique à la 3e place parmi plus de 180 pays comparés. Le Travel & Tourisme Competitiveness Report 2019 lui accorde même la 1re place dans la catégorie de la durabilité environnementale. Si les indices con-cordent sur la position exemplaire de la Suisse, ils font également ressortir qu'elle peut encore mieux faire, notamment au niveau de la qualité de l'air.
Il paraît évident que pour rendre le tourisme encore plus durable, il faudra sortir des sentiers battus, sensibiliser la branche entière en profondeur et joindre la parole aux actes. Ce chemin passera par la démonstration de la viabilité économique des efforts consentis.
La prise en considération de l’importance économique de l’environnement apporte un argument déterminant au travail de conviction que les destinations doivent mener auprès de tous leurs prestataires. Elle favorise un esprit de croissance réfléchie. L’exemple de Vercorin Tourisme confirme que le choix volontaire d’un développement écoresponsable est un pari qui vaut la peine d’être tenté. Hormis son rôle de levier marketing, le Swisstainable mérite donc une réaction en profondeur – quelle que soit la destination. Pour être véritablement durable, le tourisme doit impliquer tout le monde à tous les niveaux!