Près de sept ans après son coup d’envoi, le projet Marguerite est depuis quelques jours entièrement opérationnel. Ce projet de développement régional (PDR) a permis la création et le balisage d’environ 1500 kilomètres de pistes équestres à travers le Jura et le Jura bernois. Financé à hauteur de 7 millions de francs par la Confédération, les cantons de Berne et du Jura, et des agriculteurs, ce PDR vise à structurer et à dynamiser l’offre agritouristique des deux régions autour du Franches-Montagnes, animal emblématique du Jura et unique race chevaline d’origine suisse encore subsistante.

Dans un premier temps, les exploitants privés – agriculteurs et métairies – ont réalisé des travaux de rénovation de chambres d’hôte ou de box de chevaux sur leurs fermes. Une ancienne distillerie appartenant à feu la Régie fédérale des alcools a également été transformée en centre de services sur l’agritourisme jurassien. Dans un second temps, les parcours équestres, répartis en 9 boucles entre le Jura et le Grand Chasseral, ont été balisés et équipés d’installations spéciales: des barrières que les cavaliers peuvent ouvrir tout en restant sur le cheval et qui se referment automatiquement après le passage de l’animal. Un investissement important, dont l’objet était d’assurer aux agriculteurs que leurs bêtes ne pourraient pas s’échapper des enclos après le passage des cavaliers.

Les 9 boucles du projet Marguerite

Vallée de Tavannes, Chasseral, Franches-Montagnes, Haute-Ajoie, Clos-du-Doubs, Delémont Val Terbi, Baroche/Haut Plateau/Sorne, Grandval et La Suze

Les tourismes pédestre et cycliste en profitent
«Ce projet de réseau équestre est unique en Suisse, et le Jura est une région qui s'y prête particulièrement bien. Les randonneurs et les vététistes en bénéficient également. Les espaces jurassiens sont suffisamment vastes pour que les passages ne soient pas trop étroits. Il n’y a pas de problème de cohabitation entre les tourismes équestre, pédestre et cycliste», explique Pierre Schaller, président de l’association Marguerite. On recense environ près de 150 prestataires touristiques établis sur l’ensemble des parcours. Ceux qui combinent l’élevage et une activité d’hébergement des cavaliers et des chevaux ont vu, en règle générale, leur chiffre d’affaires augmenter.

Mais s’il n’est pas encore possible de chiffrer la valeur ajoutée économique globale apportée par la création de ces parcours aux régions, il existe néanmoins des points de repère. «La région des Franches-Montagnes est déjà partiellement équipée depuis une vingtaine d’années avec des itinéraires équestres, que nous avons améliorés dans le cadre du PDR. L’activité génère environ 1,5 million de francs par an. On peut donc espérer au minimum 300 000 francs de valeur ajoutée pour des régions un peu moins spécialisées sur le cheval», analyse Pierre Schaller.

On peut espérer au minimum 300 000 francs de valeur ajoutée pour chaque région.
Pierre Schaller, Président de l’association Marguerite, porteuse du projet

Chaque parcours fait l’objet d’une carte imprimée extrêmement détaillée sur laquelle tous les types d’hébergement et de restauration pour cavaliers et chevaux sont indiqués, le nombre de box disponibles, les barres d’attache pour chevaux mais aussi les points de vente directe, les fontaines pour abreuver les animaux, etc. L’achat de carte s’accompagne obligatoirement de l’achat d’une vignette servant à financer l’entretien des parcours.

«Ce réseau pourra encore s’agrandir. On peut tout à fait envisager que d’autres prestataires viennent à l’avenir sur l’un des circuits de randonnées équestres ou qu’une région décide de s'affilier au projet et demande qu’un tracé passe sur son territoire, pour que des métairies puissent en profiter», explique Rolf Amstutz, agriculteur et président de l’association BeJu Tourisme rural, qui regroupe environ 60 prestataires agritouristiques.

D’autres cantons intéressés par le concept
En raison des procédures législatives et administratives, le tracé des itinéraires est l’une des questions les plus délicates. «Il faut partir de la base et trouver les gens sur le terrain qui font déjà du cheval et savent par où passer. Ensuite, il faut obtenir l’accord écrit de chaque propriétaire dont le terrain est traversé par le parcours», rapporte Pierre Schaller, qui souligne que cette dernière opération a pris parfois beaucoup de temps.

Les cantons d’Argovie et de Soleure se montrent intéressés par l’idée et collaborent actuellement avec l’association Marguerite, afin de bénéficier de son expertise. «On observe le développement de l’agritourisme depuis ces dernières années, la tendance s’est maintenue après l’épisode du Covid. On voit un intérêt croissant pour la mobilité douce et le tourisme rural, et le projet Marguerite répond parfaitement à cette demande», conclut Olivier Girardin, directeur de la Fondation rurale interjurassienne, qui gère administrativement le projet.