Début août, Suisse Tourisme a pris le pouls de la branche du tourisme à travers tout le pays et demandé à diverses destinations et régions de partager leurs premières impressions sur le déroulement des vacances d'été. Les constats proviennent tant dans villes que des régions de montagne.

Conséquences des intempéries et d’une météo capricieuse
Le temps froid et humide au début de l'été ne laissait rien présager de bon pour le déroulement de la saison. Au sud des Alpes, de même que dans d’autres régions de montagne, les intempéries du mois de juin ont eu des conséquences directes pour le tourisme. Le Tessin surtout, mais également certaines zones des Grisons et du Valais, ont été touchés par des annulations et surtout, par le manque de réservations de dernière minute. De même, de nombreuses personnes ont renoncé à entreprendre des excursions d’une journée, un aspect particulièrement dommageable dans des régions où les touristes résidant en Suisse et venant de pays voisins représentent une importante part de marché. «Le recul attendu par rapport au mois de juin de l’année dernière s’est en effet fait sentir et nous attendons un résultat similaire pour le mois de juillet», déclare ainsi Angelo Trotta, directeur de Ticino Turismo. Le monitoring saisonnier des Remontées Mécaniques Suisses fait également état d’un début de saison difficile avec une fréquentation des remontées mécaniques en baisse jusqu'à fin juillet par rapport à l’été dernier.

Climat plus serein avec le retour du beau temps
Avec l'amélioration de la météo, la confiance est rapidement revenue en de nombreux endroits. Monika König, responsable Marketing et Communication d’Aletsch Arena AG (VS), déplore toutefois que certains chemins de randonnée aient été fermés en début de saison à cause de la neige. Cependant, «les températures actuelles élevées incitent de plus en plus d’hôtes à se rendre en altitude, une aubaine pour le tourisme de montagne». Certaines destinations affichent presque complet pour juillet et s'attendent à une très belle fin d’été. C'est le cas de Jungfrau Tourismus AG: «L'été est grandiose - au moins au niveau de l'année précédente, si ce n'est plus. Nous le constatons pas seulement dans les plus grandes destinations, mais aussi à Mürren et dans le Haslital par exemple», affirme le directeur, Marc Ungerer.

Cela vaut également pour Zermatt, touchée de plein fouet par les intempéries de juin: «Depuis quelques semaines, Zermatt profite de conditions estivales optimales, qui s’accompagnent d’une activité normale. La destination s’est rapidement remise du creux des deux week-ends d’intempéries du mois de fin juin; les prévisions pour le reste de la saison d’été restent prometteuses», commente David Taugwalder, responsable RP & communication de Zermatt Tourisme.

Ces constats soulignent l’importance de la clientèle d’outre-mer: lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, ces voyageurs qui viennent de loin et ont réservé leur voyage longtemps à l’avance n’annulent que très rarement leurs séjours.

Le tourisme urbain n’est pas tributaire de la météo
Avec de nombreuses attractions «résistantes aux intempéries» comme les musées notamment, les grandes villes comme Bâle ou Zurich ne signalent aucun effet négatif de la météo de juin. «La fréquentation du mois de juin a été plus forte que jamais. Grâce à une édition d’Art Basel réussie et grâce à de nombreux visiteurs suisses, Bâle a su se positionner comme une destination de loisirs attrayante ces dernières années, en particulier auprès du public suisse», se réjouit Letizia Elia, directrice de Bâle Tourisme. À Zurich, de grands événements, comme les concerts de Taylor Swift et la Street Parade ont généré une demande élevée et très diversifiée. Des villes romandes font également part de leur satisfaction, comme Montreux, par exemple: «Les hôtels travaillent mieux cet été que l'été dernier», explique Grégoire Chappuis, directeur marketing & communication de Montreux Vevey Tourisme.

Défis pour la clientèle des pays lointains
Bien que les touristes américains soient encore nombreux à voyager actuellement dans tout le pays, cette forte hausse de fréquentation devrait tendre à décliner. «Les tour-opérateurs internationaux et américains nous signalent que, de l’autre côté de l’Atlantique, les porte-monnaie remplis en raison de la pandémie commencent à se vider, et ce, même chez les voyageurs nord-américains», s'inquiète Martin Nydegger, directeur de ST, même si les chiffres des nuitées des touristes en provenance d'Amérique du Nord sont toujours élevés.

Du côté de l’Asie, ce sont surtout les hôtes chinois qui manquent encore cet été, soit environ la moitié des nuitées hôtelières générées par ces derniers par rapport à 2019. Les professionnels constatent accueillir peu de clients chinois cet été et, d'une manière générale, moins de clients asiatiques. Il règne toujours une certaine retenue en provenance d'Asie. Cette retenue, combinée aux annulations de la clientèle des marchés proches en début de saison, a contribué à ce qu’aucun goulot d’étranglement n’ait été constaté cet été dans les destinations touristiques les plus prisées. (cp)