A Montreux, petit séisme dimanche, avec le refus par le peuple à 50,7% d’investir 27 millions pour la rénovation du 2m2c, son centre de congrès. Les arguments de Montreux Libre et des Verts’libéraux ont fait mouche. Rémy Crégut, directeur général du 2m2c, réagit ainsi: «Nous respectons et entendons la décision démocratique, mais cela nous plonge dans une situation complexe et incertaine.» Pourquoi les milieux touristiques, culturels et les exploitants favorables au dossier (lire notre article paru le 7 février 2019) ne sont-ils pas arrivés à convaincre le peuple? «Il s’agit d’un projet complexe qui touche au milieu de l’évènementiel, dont le commun des mortels ne saisit pas le fonctionnement. On parle d’un bâtiment de 33’000 mètres carrés, impossible de comparer cela à un appartement ou à une maison.» Alors que des études économiques commandées à Ernst & Young Suisse et France montrent qu’un franc investit en rapporte 14. «Nous proposions un projet à 2500 francs le mètre carré, pendant que le Kongresshaus de Zurich en cours de rénovation coûte 10'000 francs au mètre carré.»
Pour l’instant la perplexité règne, il n’existe aucun plan B. «Nous réfléchissons depuis dix ans à ce dossier, avons lancé une vrai mandat d’étude parallèle, tous les projets dépassaient les 100 millions. Nous avons présenté au peuple une enveloppe de 86,7 millions .» Il s’agira désormais d’investir entre 50 et 60 millions de façon cohérente pour résoudre des problèmes de technique et de sécurité: «Mais cela ne permettra pas de réaliser une plus-value, ni pour les utilisateurs, ni pour les organisateurs. On ne pourra même pas soigner les petits bobos à l’entrée. Cela débouchera sur une activité économique déclinante. Tous les acteurs de l’hospitalité doivent donner le sentiment d’une expérience nouvelle. On n’y arrivera pas», constate Rémy Crégut. Il image la situation ainsi: «C’est comme si vous amenez une voiture de 30 ans à votre carrossier. Vous ne pourrez rien en faire, elle ne passera pas le contrôle technique, impossible de la louer ou de la revendre.»
Passé le choc, lundi matin, Mathieu Jaton, directeur du Montreux Jazz Festival se contente pour l’heure de répondre: «Le Festival va accompagner la municipalité dans tout le processus, notre avenir ainsi que celui de tous les acteurs culturels en dépend. Le plan pour les éditions 2019 et 2020 est déjà défini.» Rémy Crégut précise: «Quoi qu’il arrive on ne fermera pas en août 2020. Le financement de la période 2020-2021 s’annonce compliqué.» Selon les nouvelles normes incendies de l’Etablissement cantonal d’assurance, l’auditorium Stravinsky devrait réduire sa capacité à 300 personnes, alors qu’il peut accueillir 3800 personnes pour le moment. Mais d’autres pistes devraient être envisagées ces prochains mois. Rémy Crégut explique: «Au début on pensait même à un auditorium Stravinsky de 6000 places, côté lac avec un plan d’évacuation vertical. On en est très loin.»
Montreux a connu d’autres tragédies dont certaines inspirantes. En 1972 le Casino brûlait et Deep Purple écrivait «Smoke in the Water», une des plus fameuses lignes de basse de l’histoire du rock, dédiée à Funky Claude Nobs. Il faudra un esprit très funky pour surmonter les prochains obstacles liés au centre de congrès.