Après un long arrêt, on observe une «claire reprise au niveau des activités des centres de congrès et d'expositions à partir de fin août, début septembre», remarque Adrien Genier, directeur de Genève Tourisme & Congrès. «De nombreuses conférences d'associations mondiales du monde médical tiendront leurs réunions à Genève cet automne (...), on entrevoit même une problématique de disponibilité des agendas», se réjouit-il.
Les réunions onusiennes, les salons professionnels et les congrès associatifs ont soutenu la reprise, mais le tourisme d'affaires des entreprises privées reste bien loin des niveaux d'avant la pandémie. «Les entreprises se sont habituées aux réunions virtuelles et les budgets de déplacements internes sont moins importants», explique Adrien Genier. A Genève, le tourisme d'affaires se porte bien grâce à sa diversité, qui permet d'équilibrer les résultats globaux.
Ainsi, depuis le mois de mai, les chiffres des réservations sont «pratiquement équivalents à ceux d'avant-pandémie». «Pour l'ensemble du premier semestre 2022, on dénombre 1,19 million de nuitées dans le canton de Genève, soit une augmentation de 175% par rapport au premier semestre 2021», note Adrien Genier.
Une expérience plus qualitative
L'année en cours se déroule «relativement normalement», estime Claude Membrez, directeur général de Palexpo. «Les événements sont en général plus petits et moins fréquentés. Cependant, il est intéressant de noter que les exposants se disent ravis de leur expérience qu'ils qualifient de «plus qualitative», grâce à la présence d'un public plus limité mais plus intéressé aussi», poursuit le responsable du centre de congrès genevois. Seul ombre au tableau: le public asiatique, qui manque toujours à l'appel.
Pour l'organisateur de foires et salons MCH Group, l'activité a repris au deuxième trimestre, après un premier partiel difficile, remarque Emanuel Kuhn, directeur de la communication. «Tous les salons en régie propre et organisés par des tiers ainsi que les congrès ont pu se dérouler comme prévu, au grand soulagement de tous les participants». L'activité commerciale devrait continuer sur cette lancée positive, le calendrier pour le second semestre étant «assez chargé».
«Les professionnels ont besoin de se retrouver, après deux ans de communication à distance», confirme Alain Becker, directeur de l'Association romande des hôteliers (ARH). Si la reprise du tourisme d'affaires organisé est bonne, les hôtels doivent malgré tout s'adapter à la baisse durable du voyage professionnel individuel, qui, remplacé en partie par les vidéoconférences, ne devrait jamais retrouver ses niveaux d'avant la pandémie, explique-t-il.
Inflation en ligne de mire
Au sujet de l'inflation, l'impact du renchérissement est «limité» pour le tourisme d'affaires à Genève, explique Adrien Genier. Du côté de Palexpo, il faudra tout de même procéder à des ajustements de prix, «notamment en ce qui concerne l'électricité et les coûts de la restauration», explique Claude Membrez.
«Nous devons tenir compte de l'inflation et, dans une activité où les marges sont serrées, il faut au moins s'opposer à une nouvelle réduction des marges», relève de son côté Emanuel Kuhn chez MCH. «Ce qui est plutôt un avantage pour nous, c'est le faible cours de l'euro et le franc fort en comparaison».
En plus de l'inflation, la branche s'inquiète des éventuelles pénuries d'énergie cet hiver: «Nous devons nous préparer à différents scénarios» , indique Alain Becker.
D'après l'organe dédié au tourisme de congrès de Suisse Tourisme (SCIB), le secteur a connu une solide reprise. Pour 2022 et 2023, les événements déjà prévus (acquis via le SCIB) devraient générer plus de 285'000 nuitées pour l'hôtellerie en Suisse soit un chiffre d'affaires estimé à 95 millions de francs.
En comparaison, les événements acquis par le SCIB en 2021 ont généré 45'000 nuitées, soit des recettes de 15 millions, tandis qu'en 2019, avant la pandémie, ils ont généré 357'062 nuitées, correspondant à 118,9 millions. (ats/htr)