Dossier: Coronavirus
La branche face au coronavirus
Crise du coronavirus
GastroVaud s’estime entendu
GastroVaud se réjouit d’avoir été entendu par le Conseil d’Etat vaudois. Le 19 mars dernier, GastroVaud, l’Asloca Vaud et les Artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs vaudois lançaient un appel conjoint au Conseil d’Etat pour obtenir une aide à fonds perdus destinée aux locataires commerciaux frappés par la cessation ordonnée de leurs activités. Un mois et 6 rounds de négociation plus tard, bailleurs, locataires et Canton s’entendent sur un modèle qui réduit à 25% la contribution du locataire sur les mois de mai et juin, pour autant que le bailleur renonce de son côté à 50% du montant dû. L’Etat prend alors 25% à sa charge. GastroVaud salue ce premier pas et compte désormais sur la bonne volonté des parties, qui s’éviteront de longues et coûteuses procédures juridiques en saisissant cette opportunité.
Depuis la mi-mars, les restaurants frappés par la cessation ordonnée de leurs activités n’enregistrent plus aucun revenu, alors que leurs charges fixes demeurent souvent dues. Appel entendu. Les détenteurs d’une licence de café-restaurant dont le loyer n’excède pas 5'000.-/mois (sans les charges) pourront en effet bénéficier d’une aide mensuelle de l’Etat de 1'250.- maximum, si leur bailleur renonce à 50% de la facture, et s’ils s’engagent à s’acquitter du solde. Incitatif, ce système favorise la résolution des nombreux litiges encore pendants entre bailleurs et locataires.
«Pragmatique, il dépasse les querelles de doctrine générées par des avis de droit contradictoires quant aux devoirs des locataires... Volontariste, il marque le souhait de toutes les parties de dépasser le statu quo, afin d’éviter l’engorgement des commissions de conciliation, voire des tribunaux, au moment de la reprise. Enfin, donnée à fonds perdus, cette aide évite le surendettement des entreprises et leur possible asphyxie», estime GastroVaud dans un communiqué.
Ce compromis ne résout certes ni la problématique des loyers de mars (payés à 100%, alors que l’activité et le revenu des restaurateurs ont cessé net le 17 mars), ni celledes loyers d’avril souvent suspendus encore à d’âpres négociations entre bailleurs et locataires. Enfin, il rend inéligibles les restaurateurs dont le loyer est supérieur à 5'000.-. Mais c’est un premier pas salué par GastroVaud, dans un contexte où: le loyer moyen des restaurants vaudois s’élève à environ 4'400.- par mois; le spectre de la faillite devient chaque jour plus concret pour nombre de restaurateurs. (htr/aca)
Coronavirus
Impacts de la crise actuelle sur la demande touristique
L’étude internationale est basée sur un échantillon de personnes représentatif des 9 marchés émetteurs les plus importants pour la Suisse et le Valais, en plus des résidents suisses. Elle a pour objectif de suivre régulièrement (chaque mois) la perception du niveau de risque lié au coronavirus, son influence sur les habitudes de voyage et le désir de voyager après la crise du coronavirus. Cette première étude analyse également les effets concrets de la situation actuelle sur les voyages prévus avant la pandémie et le niveau de satisfaction relatif aux démarches d’annulation. L’échantillon compte 670 réponses dont 632 ont été retenues pour l’analyse.
Le risque lié au coronavirus est perçu comme étant élevé. En effet, 79% des répondants sont inquiets, 56% considèrent que la pandémie est hors de contrôle, tandis que seulement 25% pensent qu’il s’agit seulement d’une nouvelle forme de grippe. Concernant les annulations de voyages causées par la pandémie, 42% des répondants ont dû renoncer à des voyages planifiés, qui étaient majoritairement (69%) des vacances de détente et de loisirs. Le niveau de satisfaction des conditions d’annulation est en général élevé pour tous les secteurs considérés (hébergement 72%, transport 64% et packages 58%).
Le désir de voyager est très faible, 58 personnes sur un total de 632 disent être en train de planifier des vacances dans un futur proche. L’enquête reflète une forme d’attentisme où 73% des sondés pensent qu’il est trop tôt pour penser à de futures vacances. Enfin, 62% des personnes interrogées pensent que la pandémie aura un impact sur leurs habitudes de voyage à long terme. Ces résultats indiquent que les touristes ne sont pas encore prêts à rêver de voyages ni à prendre de décisions. Dès lors, on s’attend à ce que la demande en services touristiques et le nombre de vacances planifiées soient au plus bas dans un futur proche. Parmi les personnes planifiant actuellement un voyage, les dates des prochaines vacances sont juillet (21%), suivi par septembre (19%) et juin (17%), le mois de mai sera donc compliqué pour le secteur du tourisme. (htr/aca)
Coronavirsu et créativité
Glion distribue deux tonnes de chocolat aux soignants
Alors que les cours aux étudiants se déroulent en ligne, les équipes d’Arts pratiques de l’école hôtelière de Glion se sont mobilisées depuis dix jours pour confectionner de manière artisanale 1600 kilos de chocolat. Transformés en 7500 plaques, et autant de sachets, qui vont être offerts au personnel soignant des hôpitaux CHUV, Chablais-Riviera et Fribourg. L’action est née sous l’impulsion du chef Benoît Carcenat.
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L’ex-fidèle second de Benoît Violier à l’Hôtel de Ville de Crissier, nommé à l’époque Benoît II, est aujourd’hui doyen des Arts pratiques à Glion et superviseur du restaurant rattaché Le Bellevue (16 points GaultMillau).
La livraison vient d’arriver hier pour des raisons logistiques alors, que les chocolats avaient déjà été confectionnés avant les fêtes de Pâques. «C’est notre manière de marquer notre solidarité, et en douceur», relève Benoît Carcenat. (htr/aca)
Coronavirus et service
Le groupe EHL apporte son soutien à l’hôtellerie
L’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) propose de s’appuyer sur l'expertise «de toutes ses entités» pour aider les professionnels de l’hôtellerie du monde entier à limiter les effets négatifs liés aux mesures de confinement. Il a mis en place un portail en ligne, visant le partage de compétences. «L'intention du groupe EHL est de fournir de la perspective, une intelligence économique exploitable, ainsi que de l’espoir, chose bien nécessaire pour soutenir l'industrie en ces temps difficiles», écrit-il dans un communiqué.
Cette plateforme réunit des travaux de recherche et des analyses des professeurs. Les sujets abordés sont par exemple: comment les entreprises peuvent survivre au Covid-19, quelles sont les perturbations et les innovations provoquées par la pandémie ou encore les effets de celle-ci sur l'évaluation des biens immobiliers.
Des conseils pendant et après la crise
Ce portail donne aussi accès gratuitement aux conseils des experts de EHL Advisory Services, dans une sous-section intitulée «Vous demandez, nous vous répondons». Les experts de l'EHL pourront conseiller les professionnels dans leur gestion de la crise : comment obtenir de l'aide, comment réaliser des économies pendant et après la crise ou encore comment réembaucher et relancer les opérations après la pandémie.
Cours en ligne gratuit
Pour compléter cette offre, l’Ecole hôtelière de Lausanne a mis en place un accès gratuit à un cours en ligne extrait de son programme MBA in Hospitality. Issue du module «Performing through business cycles», cette version condensée du cours «Managing Underperforming Properties» est mise à disposition de tous les professionnels du secteur qui cherchent à atténuer les pertes actuelles et futures.
«Maintenant que les questions les plus urgentes liées à la sécurité de nos étudiants et de notre personnel, et aux solutions d’enseignement à distance, ont été résolues, nous étudions la meilleure façon de contribuer à l’effort collectif. En tant qu’établissement académique, notre plus grande arme pour rejoindre ce combat est le partage de l'information et nous considérons donc qu'il est de notre responsabilité d'agir, par tous les moyens à notre disposition», commente Michel Rochat, CEO du groupe EHL. (htr/lg)
Coronavirus et créativité
Opaline partage ses adresses
Les jus de fruits et limonades Opaline, à la démarche éthique, distribués dans près de 2000 points de vente en Suisse décident dans le contexte de la lutte contre la pandémie du Covid-19 de partager leur carnet d’adresse en Suisse romande.
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«Opaline s'est développé grâce au soutien sans faille des commerçants indépendants et locaux. Parmi eux, épiciers et boulangers sont aujourd’hui en première ligne et nous pouvons tous grâce à eux, avec le soutien des chaînes logistiques, continuer à nous fournir en produits locaux, frais et respectueux de la nature. Nous pouvons également compter sur les restaurateurs et les cafetiers, qui malgré la fermeture de leur établissement, proposent aussi des plats à l’emporter. Leur engagement est inestimable et mérite le nôtre à leurs côtés. Pour les remercier et prendre part à ce formidable élan d’entraide, nous partageons nos carnets d’adresses en Suisse Romande», explique Opaline dans un communiqué.
Avec TRIBÜ, Opaline propose, exceptionnellement aux particuliers, la vente en direct et au carton de ses jus et de ses limonades. Pour commander, vous devez faire partie d’une TRIBÜ. La liste des contacts des chefs de Tribü est accessible sur le site internet d’Opaline.Passer vos commandes avant lundi 17h pour livraison Jeudi ou Vendredi. Vos commandes sont à récupérer à un horaire précis chez le chef de Tribü (1 personne par créneau horaire) ou livrées à votre domicile contre facturation des frais de livraison. (htr/aca)
International
Accor annonce des mesures drastiques
Le groupe hôtelier Accor explique dans un communiqué: « La dégradation brutale de l’environnement nous a amené à prendre des mesures drastiques pour l’ensemble de nos opérations. Ces mesures sont indispensables pour atténuer l’impact sur les résultats et la liquidité du groupe, et préparer le rebond d’après crise. Dans cette situation inédite, le groupe se tient plus que jamais aux côtés de ses employés, de ses partenaires et de ses parties prenantes, leur apportant son temps, ses ressources, et l’accès à ses réseaux locaux et internationaux.»
Les premières mesures pour faire face à cette situation ont été mises en place dès le mois de février comme: l’interdiction de voyager, le gel des embauches, le chômage partiel ou technique concernant 75% des effectifs des sièges dans le monde au deuxième trimestre, générant une réduction minimum de 60 millions d’euros des coûts centraux sur l’année 2020 et la revue des investissements récurrents prévus pour 2020, aboutissant à une diminution de 60 millions d’euros des dépenses pour l’exercice.
De fortes répercussions attendues sur les performances 2020
Le groupe continue parallèlement de rationaliser tous les autres foyers de coûts (distribution, marketing, informatique…), pour faire face à la réduction anticipée du chiffre d’affaires. Grâce à sa transformation récente vers un modèle «asset-light» et à sa stratégie de préservation des liquidités, Accor dit pouvoir s’appuyer aujourd’hui «sur un bilan fort», avec plus de 2,5 milliards d’euros de liquidités disponibles et une ligne de crédit revolving non tirée de 1,2 milliard d’euros.
«S’il est encore trop tôt pour estimer la durée de cette crise, le groupe anticipe d’ores et déjà de fortes répercussions sur ses performances pour 2020, mais demeure très optimiste sur les perspectives de l’industrie», estime Accor. Dans cette période sans précèdent, le Conseil d’administration de Accor a décidé ce jour de compléter les actions mises en place par le management, en retirant sa proposition de paiement du dividende prévu au titre de l’exercice 2019, soit 280 millions d’euros.
Un fonds pour assister 300'000 salariés et collaborateurs du groupe
Après concertation avec les principaux actionnaires du groupe, JinJiang International, Qatar Investment Authority, Kingdom Holding Company et Harris Associates, Accor a décidé d’allouer 25% du dividende prévu (soit 70 millions d’euros) au lancement du «Fonds ALL Heartist», un véhicule ad hoc Covid-19. Ce fonds assistera notamment: les 300’000 salariés et collaborateurs sous enseignes du groupe dans le monde, en prenant en charge les frais d’hospitalisation liés au Covid-19 des collaborateurs ne bénéficiant pas d’une couverture sociale; au cas par cas, les collaborateurs en grande difficulté financière suite à des mesures de chômage technique; au cas par cas, les partenaires individuels en grande difficulté financière. Enfin, le groupe va accentuer ses initiatives solidaires en soutien des personnel soignants et des organisations caritatives en première ligne face à la crise. (htr/aca)
Coronavirus & créativité
L’Astra s’adresse aux télétravailleurs
En ces temps de confinement lié au coronavirus, l’Hôtel Astra de Vevey (4 étoiles) propose à sa clientèle «calme et privacité» pour travailler à distance. Elle met à disposition trois business rooms privatives qu’elle loue du lundi au dimanche, de 8h à 18h pour un tarif de 49 francs par jour.
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Les clients pourront bénéficier d’un wifi performant ainsi qu'à l’accès au minibar et au garage souterrain. L’établissement rappelle que «les normes sanitaires actuelles ainsi que la distanciation sociale sont respectées».
Par ailleurs, le restaurant de l’hôtel La Coupole 1912 se met au service take away. Bien que fermée au public extérieur, la brasserie historique continue de régaler ses clients. Le chef propose ses plats et spécialités à l’emporter. Ils sont élaborés en fonction des stocks disponibles et servis dans des emballages en matériaux recyclables. Ce service est disponible tous les jours de 17 à 20h. Les commandes peuvent être récupérées sur place ou livrées par taxi, moyennant des frais supplémentaires.
Les réservations des chambres business et la commande de plats s’effectuent par téléphone au +41 21 925 04 04. (htr/lg)
Coronavirus
Des baisses de 20 à 30% prévues par l’OMT
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a fait paraître une évaluation à jour de l’impact probable de la COVID-19 sur le tourisme international. Avec la mise en place inédite de restrictions sur les voyages partout dans le monde, l’institution spécialisée des Nations Unies pour le tourisme s’attend à ce que les arrivées de touristes internationaux baissent de 20 % à 30% en 2020 par rapport aux chiffres de 2019.
L’OMT tient néanmoins à préciser que ces chiffres se fondent sur les dernières évolutions, alors que la communauté mondiale est aux prises avec un défi social et économique sans précédent, et doivent être interprétés avec précaution étant donné l’extrême niveau d’incertitude entourant la crise actuelle. Une baisse attendue de 20 % à 30 % pourrait faire diminuer les recettes du tourisme international (exportations) dans des proportions comprises entre 300 et 450 milliards d’USD, soit près d’un tiers des 1 500 milliards d’USD de recettes générées en 2019. Compte tenu des tendances passées du marché, la COVID-19 ferait perdre de cinq à sept ans de croissance. Pour remettre la situation en perspective, l’OMT fait observer qu’en 2009, avec la crise économique mondiale, les arrivées de touristes internationaux ont baissé de 4 %, et que la flambée de SRAS a provoqué un repli de juste 0,4 % en 2003.
Le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, a déclaré : « De tous les secteurs économiques, le tourisme est l’un des plus durement frappés. Cependant, notre secteur reste soudé pour faire face à cette immense urgence sanitaire – notre première et absolue priorité – et pour œuvrer ensemble afin d’atténuer l’impact de la crise, en particulier sur l’emploi, et de soutenir l’action plus vaste en faveur du redressement, en étant un moteur de l’emploi et du bien-être économique partout dans le monde.» (htr/aca)
Coronavirus
Le Verbier Festival n’aura pas lieu cet été
Des événements estivaux commencent à leur tour à annoncer leur annulation. C’est le cas du Verbier Festival qui aurait dû avoir lieu du 17 juillet au 2 août 2020. «En 26 ans, le Verbier Festival a su créer une véritable communauté internationale et intergénérationnelle. Les circonstances actuelles représenteraient un trop grand risque vis-à-vis des artistes, musiciens en formation et mélomanes du monde entier qui nous rejoignent chaque été», déclare Martin T:son Engstroem dans un communiqué.
Le fondateur et directeur du Verbier Festival a annoncé vouloir «préserver cette famille» du Verbier Festival. «Cette annulation aura inévitablement des répercussions financières pour les artistes qui se retrouvent sans représentations, pour les commerces de Verbier et de la région ainsi que pour les équipes temporaires qui nous rejoignent chaque été. Nous compatissons profondément avec chacun d’entre eux», poursuit-il.
La commune de Bagnes s'est associée à cette décision difficile: «Chacun connaît l'importance de cet événement estival pour notre station, ajoute Eloi Rossier, président de la commune. Notre priorité reste la santé de nos résidents et de nos visiteurs ainsi que la pérennité de ce festival qui nous tient tant à cœur. Une fois cette crise sanitaire passée, nous poursuivrons notre travail conjoint avec le Verbier Festival, pour que la musique résonne à nouveau dans notre vallée.» Le Verbier Festival avait attiré plus de 13 000 visiteurs en 2018.
Les billets déjà acquis pourront être intégralement remboursés ou crédités pour l’édition 2021, assure les organisateurs. Les détenteurs de billets peuvent aussi choisir de faire don de la valeur –totale ou partielle –de leur achat pour soutenir le festival. (htr/lg)
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Coronavirus
Des aides aux PME dès demain
Le Conseil fédéral a abordé dans sa séance du jour la question de l’aide aux PME en matière de liquidité. Il a adopté une ordonnance comprenant un programme d’un montant de 20 milliards de francs. Elle entrera en vigueur demain, 26 mars 2020. A partir de cette date, les PME pourront solliciter les crédits cautionnés par la Confédération sur le site web covid19.easygov.swiss .
Les entreprises concernées pourront solliciter auprès de leur banque des crédits de transition à hauteur de 10 % maximum de leur chiffre d’affaires annuel, jusqu’à un montant maximum de 20 millions de francs. Pour ce faire, elles devront répondre à certains critères minimaux. Elles devront notamment déclarer notamment qu’elles subissent de substantielles pertes de chiffre d’affaires en raison de la pandémie de coronavirus.
«Les crédits seront versés rapidement et de manière non bureaucratique jusqu’à un montant de 500’000 francs. Ils seront garantis à 100 % par la Confédération et leur taux d’intérêt sera nul», précise le communiqué du Département fédéral des finances (DFF).
Les crédits de transition dont le montant dépasse 500’000 francs seront garantis à 85 % par la Confédération. La banque créancière participera au crédit à raison de 15 %. Étant donné que ces crédits pourront atteindre 20 millions de francs par entreprise, ils exigeront un examen plus approfondi de la part des banques. Le taux d’intérêt de ces crédits s’élève actuellement à 0,5 % sur les prêts garantis par la Confédération.
Les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 500 millions de francs ne bénéficieront pas de ce programme.
«Grâce à cette mesure simple, le Conseil fédéral entend aider des dizaines de milliers de PME suisses à couvrir leurs besoins urgents de liquidités», indique encore le DFF. Celui-ci indique continuer «à suivre de près la situation», en étroite collaboration avec le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR), la FINMA, la BNS et les banques.
L’octroi de crédits vient compléter les mesures déjà décidées par le Conseil fédéral en matière de chômage partiel et d’allocations pour perte de gain. (htr/lg)
France
Accor se mobilise face au Covid-19
«Dans le contexte de crise sanitaire que traverse la France aujourd’hui, le groupe a décidé de mettre à disposition ses services pour le personnel soignant, tous les Français engagés et mobilisés dans la lutte contre la propagation du Covid-19, et les populations les plus vulnérables», annonce Accor dans un communiqué.
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Le groupe hôtelier a créé une plateforme téléphonique, intitulée CEDA pour Coronavirus Emergency Desk Accor. Son but: centraliser les besoins et proposer, en lien avec les propriétaires du groupe Accor et les autorités concernées, des solutions d’hébergement sur tout le territoire français. Une adresse email a également été créée (ceda@accor.com). Cette plateforme doit permettre de traiter rapidement les besoins exprimés et les situations d’urgence.
A ce jour, plus de 40 hôtels - représentant les marques F1, ibis budget, ibis, ibis styles, Mercure et Novotel - offrent une capacité de 1000 à 2000 lits pour accueillir les personnes sans abri. Parallèlement, le groupe a décidé d’ouvrir, en fonction des besoins, ce dispositif à l’ensemble du personnel soignant mobilisé dans la lutte contre le coronavirus. Un moyen pour ces personnes d’accéder à un hébergement à proximité de leur lieu de travail.
Au-delà de ces initiatives, la plateforme CEDA doit permettre de centraliser toutes les demandes d’hébergement des pouvoirs publics et des fédérations professionnelles et d’y apporter des réponses rapides et adaptées en fonction des besoins.
«Accueillir, protéger, et prendre soin des autres avec le cœur sont l’essence de notre métier. Dans cette période, la mobilisation de nos propriétaires et de nos équipes est exemplaire et nous mettons tout en œuvre pour répondre au mieux aux besoins d’hébergement. Alors que notre pays lutte pour enrayer une crise sanitaire d’une ampleur inédite, Accor est aux côtés de ceux qu’il faut protéger et de ceux qui en première ligne nous protègent», déclare Sébastien Bazin, président-directeur général du groupe, dans un communiqué. (htr/lg)
Coronavirus
Verbier, foyer épidémique, ne sera pas confiné
Plusieurs médecins dénonçaient hier dans «Le Nouvelliste» un foyer épidémique à Verbier. Le Conseil d’Etat valaisan répond à cette intervention et «ordonne que la commune de Bagnes prenne des mesures strictes». Mais il renonce au confinement, d’entente avec la Confédération et la commune.
«La Suisse compte actuellement plus de 8000 personnes testées positives, dont près de 500 en Valais. Plusieurs foyers épidémiques existent dans le pays. Les isoler n’est pas une solution pour limiter la propagation de la maladie», justifie l’Office fédéral de la santé publique.
Le Conseil d’Etat renonce certes au confinement, mais demande aux autorités de faire respecter «à la lettre» les règles édictées par la Confédération. Il en va de la distanciation sociale, des respects des normes d’hygiène et de l’interdiction de se rassembler. Il demande de ne sortir de chez soi qu’en cas d’extrême nécessité.
Il ordonne la fermeture des places publiques, des places de jeux, des spa et des jacuzzis dans les hôtels, ainsi que l’interdiction de tout rassemblement public et privé de plus de cinq personnes. La police municipale, sous la conduite de la Police cantonale, renforcera ses contrôles «afin de s’assurer que les commerces, les hôtels et les chantiers respectent strictement ces mesures», précise le communiqué du Conseil d’Etat. (htr/lg)
Coronavirus
EasyJet cloue au sol la majorité de sa flotte
Le confinement, les restrictions de déplacements et les changements de recommandation de voyage pousse EasyJet à réduire drastiquement ses programmes de vol. Dès demain, les activités de la compagnie aérienne correspondront à un maximum de 10% de sa capacité habituelle à cette période de l’année. Cette décision concerne principalement des liaisons depuis, vers et au sein du Royaume-Uni.
La compagnie aérienne avait lancé un appel à ses clients en fin de semaine dernière afin d’assurer des vols de rapatriement qui aurai dû prendre fin aujourd’hui. EasyJet indique revoir son programme de vols «chaque semaine pour s’assurer qu'il est adapté à la demande». Elle encourage les personnes possédant des billets à les échanger gratuitement dès maintenant. Les voyages peuvent être modifiés sans frais jusqu’au 28 février 2021.
«Nous traversons une situation sans précédent pour l'industrie aérienne, déclare Johan Lundgren, directeur général d’EasyJet. Réduire de manière significative notre programme de vols est la meilleure décision que nous puissions prendre alors que de nombreux pays ont conseillé à leurs citoyens de ne pas voyager. L'immobilisation des avions permettra également de réduire nos coûts variables de manière significative, à un moment où ces économies sont cruciales.» (htr/lg)
International
Le monde de la gastronomie rivalise de créativité solidaire
Le chocolatier belge Jacques Genin a fermé ses points de vente parisiens pour préserver la santé de ses employés. Il a décidé de lancer un «Giving Program» et de faire don de ses stocks de chocolats au personnel soignant des hôpitaux parisiens. Au total, c’est près de 400kg de chocolats Jacques Genin qui leur seront distribués «pour leur donner du courage et du réconfort, en espérant que toutes les entreprises qui le peuvent suivront le mouvement!» Son confrère belge Pierre Marcolini a offert jeudi dernier tout le stock de ses boutiques parisiennes au personnel soignant des Hôpitaux de Paris. Une action solidaire rendue possible grâce à «En première ligne», plateforme digitale mettant en relation toutes celles et ceux qui souhaitent apporter leur aide aux travailleurs au front contre le Covid-19.
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La famille Bottura contre le gaspillage
Massimo Bottura lance «Kitchen Quarantine», son émission culinaire sur Instagram TV. La petite émission, est née d’une idée de sa fille Alexa pour tenir compagnie et réconforter tous ceux qui comme eux sont actuellement en quarantaine. Elle se nomme «Kitchen Quarantine» et montre en direct – tous les soirs à 20 heure – les aventures de la famille Bottura au complet (Massimo, Lara, Alexa et Charlie) aux prises avec la préparation du dîner. Une occasion pour le grand chef trois étoiles d’expliquer au plus grand nombre d’internautes les précautions à prendre avant de se mettre aux fourneaux et montrer comment on peut cuisiner tous les soirs un dîner riche et varié tout en rationnant les sorties aux courses grâce à des idées anti-gaspillage.
Omnivore parle des chefs vertueux
Le site internet Omnivore va recenser les préoccupations des chefs: «D’ici à la sortie du confinement, Omnivore relaiera les initiatives et préoccupations des chefs et des restaurateurs qui sont nombreuses en cette période de crise sanitaire sans précédent. On leur a dit qu’ils n’étaient pas indispensables à la vie de la nation. Ils ont encaissé, désinfecté les plans de travail et vidé les chambres froides en réfléchissant à prouver le contraire, rebelles et responsables. La première obligation morale consistant à ne pas jeter. Dans l’urgence, Arnaud Laverdin et la bande de Sapnà ont distribué le frais sur le trottoir, devant le restau. Et l’hyperactif Jean Sulpice, au défi du confinement, a passé un max de stock en bocaux stérilisés, dealés à la boutique. Des bocaux, on en a lancés aussi chez Neso, donnant à Guillaume Sanchez l’occasion de politiser sa chère fermentation.»
Pierre Gagnaire témoigne
On termine sur ce très beau témoignage du grand chef français Pierre Gagnaire sur son site internet: Il rappela qu’il avait dû fermer sa table de Saint-Etienne, pour repartir à zéro: «Le 12 mai 1996, je fermais mon restaurant de Saint-Etienne. Tout perdre, c’est d’une violence absolue, tout à un goût de larmes, on ne peut pas s’empêcher de se sentir coupable face aux équipes, face aux fournisseurs, face aux clients et face à soi-même. Alors aujourd’hui, je pense à celles et ceux qui, malgré leur talent, malgré leur passion, malgré leur travail acharné, seront obligés de fermer la porte de leur entreprise, le cœur gros. À travers ce message, je veux vous dire qu’il ne faut rien lâcher, qu’on peut se relever, que ce n’est pas facile mais qu’on peut y arriver. Notre travail apporte de la joie, de la convivialité et tout le monde en aura besoin après cette épreuve. Prenez soin de vous et de vos proches.» (htr/aca)
Coronavirus
32 milliards supplémentaires pour aider l’économie
Le Conseil fédéral met à disposition 32 milliards de francs supplémentaires pour soutenir l’économie. Aves les mesures décidées le 13 mars dernier, cela représente plus de 40 milliards de francs disponibles. La Délégation des finances devra se prononcer à ce sujet au début de la semaine prochaine. L’objectif de ces mesures vise à sauvegarder les emplois, garantir les salaires et soutenir les indépendants.
Aide aux entreprises
Le Conseil fédéral prévoit des aides aux entreprises sous la forme de liquidités afin qu’elles puissent couvrir leurs frais courants.
• Aide immédiate sous la forme de crédits transitoires spécifiques : la Confédération va mettre sur pied un programme de garantie de 20 milliards de francs visant à ce que les PME affectées (entreprises individuelles, sociétés de personnes et personnes morales) obtiennent des crédits bancaires transitoires. Ce programme se fondera sur les structures actuelles des organisations de cautionnement. Le but: que les entreprises concernées puissent accéder rapidement et simplement à des crédits représentant jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires ou d’un montant de 20 millions de francs au plus. Les montants jusqu’à 0,5 million de francs seront versés immédiatement par les banques et seront couverts en totalité par la garantie de la Confédération. Cette garantie sera ramenée à 85% pour les montants dépassants ce plafond.
• Report du versement des contributions aux assurances sociales : les entreprises frappées par la crise auront la possibilité de différer provisoirement et sans intérêt le versement des contributions aux assurances sociales (AVS, AI, APG, AC). Elles pourront également adapter le montant habituel des acomptes versés au titre de ces assurances en cas de baisse significative de la masse salariale. Ces mesures s’appliquent également aux indépendants dont le chiffre d’affaires a chuté. L’examen du report des versements et de la réduction des acomptes incombe aux caisses de compensation AVS.
• Réserve de liquidités dans le domaine fiscal et pour les fournisseurs de la Confédération : les entreprises pourront repousser sans intérêt moratoire les délais de versement. Le taux d’intérêt sera abaissé à 0,0% pour la TVA, certains droits de douane, des impôts spéciaux à la consommation et des taxes d’incitation entre le 21 mars et le 31 décembre 2020; aucun intérêt moratoire ne sera perçu durant cette période. Une réglementation identique s’applique pour l’impôt fédéral direct du 1er mars au 31 décembre 2020.
• Suspension des poursuites et des faillites: du 19 mars au 4 avril 2020 inclus, les débiteurs ne pourront pas être poursuivis, et ce sur tout le territoire suisse.
Tourisme et politique régionale
• Des mesures d’urgence ont déjà été mises en œuvre dès février 2020 dans le cadre des instruments de promotion du tourisme. La Confédération renforce son soutien en renonçant au remboursement du reliquat du prêt supplémentaire accordé à la Société suisse de crédit hôtelier (SCH), qui est arrivé à échéance à la fin de 2019. La SCH dispose ainsi de 5,5 millions de francs supplémentaires à consacrer à des prêts pour le financement rétroactif des investissements des établissements d’hébergement, que ces derniers ont financés par le biais de leur cash-flow ces deux dernières années.
• Dans le cadre de la politique régionale, les prêts de la Confédération en faveur de projets (dont 60 % relèvent du domaine du tourisme) s’élèvent actuellement à 530 millions de francs environ. La loi prévoit que la gestion de ces prêts est déléguée aux cantons. Afin de mettre plus de liquidités à la disposition des emprunteurs, la Confédération autorise les cantons à plus de flexibilité dans la gestion des possibilités de report de paiement. Cela devrait notamment aider à court terme le secteur des remontées mécaniques, où les amortissements échoient souvent après la saison hivernale.
Extension du chômage partiel et simplification des démarches
Le droit à l’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail sera étendu et le dépôt d’une demande sera facilité.
• Le chômage partiel pourra désormais également être octroyé aux salariés dont la durée d’engagement est limitée et aux personnes au service d’une organisation de travail temporaire.
• La perte de travail sera également comptabilisée pour les personnes qui sont en apprentissage.
• Le chômage partiel pourra être accordé aux personnes qui occupent une position assimilable à celle d’un employeur. Il s’agit par exemple des associés d’une société à responsabilité limitée (Sàrl) qui travaillent contre rémunération dans l’entreprise. Les personnes qui travaillent dans l’entreprise de leur conjoint ou partenaire enregistré pourront également profiter du chômage partiel et faire valoir une indemnisation forfaitaire de 3320 francs pour un poste à plein temps.
• Le délai d’attente pour pouvoir bénéficier du chômage partiel, qui avait déjà été raccourci, est supprimé. L’employeur ne devra ainsi assumer aucune perte de travail.
• Les salariés ne seront plus tenus de liquider leurs heures supplémentaires avant de pouvoir bénéficier du chômage partiel.
• Des dispositions ont été adoptées pour simplifier au plus vite le traitement des demandes et le versement des indemnités en cas de chômage partiel. Les salaires dus pourront par exemple être réglés au moyen d’une avance des indemnités en cas de chômage partiel.
Indemnités en cas de perte de gain pour les indépendants
Les personnes exerçant une activité indépendante qui subissent une perte de gain due aux mesures prises par le gouvernement en vue de lutter contre le coronavirus seront indemnisées si elles ne bénéficient pas déjà d’une indemnité ou de prestations d’assurance. Une indemnisation est prévue dans les cas suivants :
• fermeture des écoles ;
• quarantaine ordonnée par un médecin ;
• fermeture d’un établissement géré de manière indépendante et ouvert au public.
Les indemnités sont réglées sur la base du régime des allocations pour perte de gain et versées sous forme d’indemnités journalières. Celles-ci correspondent à 80 % du salaire et sont plafonnées à 196 francs par jour. Le nombre des indemnités journalières pour les indépendants en quarantaine ou qui assument des tâches d’encadrement est limité à respectivement 10 et 30 jours. L’examen des demandes et le versement de la prestation seront effectués par les caisses de compensation de l’AVS.
Allocations pour pertes de gain pour les salariés
Les parents qui doivent interrompre leur activité professionnelle pour s’occuper de leurs enfants peuvent prétendre à une indemnisation. Il en va de même en cas d’interruption de l’activité professionnelle en raison d’une mise en quarantaine ordonnée par un médecin. Comme pour les travailleurs indépendants, les indemnités seront réglées sur la base du régime des allocations pour perte de gain (allocations pour perte de gain en cas de service et de maternité) et versées sous forme d’indemnités journalières. Celles-ci correspondent à 80 % du salaire et sont plafonnées à 196 francs par jour. Le nombre des indemnités journalières est limité à 10 pour les personnes en quarantaine.
Un soutien également à la culture et au sport
Le Conseil fédéral a également débloqué une première tranche de 280 millions pour la culture, un montant qui se concrétise par des aides immédiates et des indemnités d’annulation. La Confédération dégage également 100 millions de francs pour les organisations sportives. Cinquante millions seront des prêts remboursables destinés principalement au sport professionnel, les 50 millions restants seront des subventions pour les organisations bénévoles. (htr/lg)
Coronavirus
L'industrie touristique à l'arrêt
«Tout le monde court et essaie de faire au mieux.» Jérôme Gachet, responsable Communication du MOB, résume assez bien l’état d’esprit qui règne au sein de l’industrie touristique depuis près d’une semaine. Suspendus aux décisions du Conseil fédéral, les prestataires touristiques romands ont tous fermé leurs portes, la plupart depuis ce week-end déjà. Cette mesure, valable jusqu'au 19 avril, concerne absolument toute la palette touristique: les musées, l’offre culturelle et sportive, les transports touristiques, les bains thermaux, les activités de divertissement. «La santé de nos clients et de nos collaborateurs représente pour nous la priorité», partage avec sérénité Bernhard Tschannen, CEO de Glacier 3000. Contrairement à d’autres stations de ski restées ouvertes jusqu’à la fin du weekend dernier, le domaine a choisi de fermer toutes ses installations dès le samedi 14 mars.
«Mars-avril sont normalement nos mois les plus forts de l’hiver. Nous nous attendions un peu à des restrictions, mais pas d’un jour à l’autre. Nous avons organisé le rangement du domaine skiable pour le convertir en mode été. Ce lundi à midi, tous nos collaborateurs étaient à la maison», détaille Bernhard Tschannen. Glacier 3000 emploie environ 80 personnes. Parmi celles-ci, seules cinq à six personnes travaillent encore à temps partiel, occupées à des tâches telles que le marketing, la comptabilité, les réservations et l'information. L’entreprise envisage de faire appel au chômage technique, également pour les saisonniers. Après un «excellent début de saison», Glacier 3000 avait déjà perdu 60 à 70% de sa clientèle de groupes durant le mois de février.
Le MOB s'attend à une baisse des recettes de 80% en mars
La semaine dernière encore, le domaine skiable et de loisirs faisait partie des acteurs touristiques annonçant vouloir miser sur le marché suisse pour compenser la baisse de fréquentation visible depuis février en provenance des marchés lointains. Cette stratégie est pour l’heure reportée. «Plus on se tiendra à ces mesures, plus vite cette situation difficile sera derrière nous», estime le CEO. «L’objectif consiste à limiter la propagation du virus et non d’encourager les clients à utiliser notre offre», indique à son tour Jérôme Gachet. Le MOB accueille une majorité de touristes (80 à 85% de ses flux) tout en assurant le transport de passagers. Une situation particulière qui complique la gestion de la crise. L’entreprise a fermé les lignes menant aux Rochers-de-Naye et aux Pléiades, et interdit les voyages de groupes, les trains spéciaux et le train du fromage. Elle dessert encore les lignes Montreux-Vevey-Rivera et Montreux-Oberland bernois, mais s’apprête à réduire la cadence. Elle annonce aussi recourir au chômage partiel. Quant aux pertes estimées, elles s’alourdissent de jour en jour: «Notre fréquentation avait baissé de 20% en février. Pour mars, nous nous attendons à une baisse des recettes de 80%. L’année s’annonce très compliquée.»
A Gruyères, le château était encore ouvert lundi. Il limitait son accès à 50 personnes, y compris le personnel. «Nous ressentions jusque-là une baisse, mais assez insignifiante, nos visiteurs étant des Suisses, des familles et non des caristes. Mais aujourd’hui [lundi], c’est très clair. Le message est passé auprès de la population, il n’y a vraiment pas grand monde…» Filipe Dos Santos, directeur du château, garde la tête froide. Il annonçait «être prêt à tout» et avait déjà pris la décision, comme beaucoup d’autres, de repousser les manifestations et vernissages agendés. Laurène Weguener, responsable Communication et marketing de l’Alimentarium de Vevey, confirme une période pascale habituellement riche en événements pour le musée. Entre le 14 mars et le 30 avril, plus de 1500 personnes y étaient attendues, sans compter les traditionnelles visites du musée. «Nous avons bien entendu stoppé la promotion de notre nouvelle exposition mais comptons utiliser cette période pour mettre l’accent sur notre offre de musée en ligne, en proposant des jeux notamment.»
Le château de Chillon freinera les dépenses
Fortement dépendant des visiteurs étrangers à raison de 75%, le château de Chillon a vu son affluence chuter depuis plusieurs semaines déjà. «Notre fréquentation suit la courbe des nuitées en Suisse», déclare sa directrice Marta Dos Santos. Sachant le taux d’occupation des hôtels romands en chute libre (lire ci-dessous), tout porte à croire que les visiteurs n’étaient plus très nombreux. «Il est difficile à l’heure actuelle de chiffrer précisément les répercussions économiques que cette situation exceptionnelle aura sur l’exploitation. Plusieurs scénarios sont étudiés en parallèle», relève aussi un communiqué de presse. La fondation a annoncé devoir recourir au chômage partiel. «Nous serons attentifs aux dépenses, tout ce qui n’est pas indispensable sera mis en attente. Heureusement, nous venons de boucler une période d’investissement avec notamment le nouveau restaurant qui est terminé. La qualité de nos services sera assurée au moment de la reprise», poursuit Marta Dos Santos. Une certaine confiance qui ne l’empêche pas d’exprimer ses préoccupations: «Je m’inquiète de l’impact de cette situation sur l’économie mondiale. On peut s’attendre à une baisse du pouvoir d’achat qui pourrait se reporter sur les loisirs et le tourisme.»
Coronavirus
Transports publics fortement réduits dès lundi
La situation exceptionnelle liée au coronavirus entraîne un net recul de la fréquentation des transports publics qui devra encore se renforcer ces prochaines semaines. A cela s’ajoutent des premiers problèmes de main d’œuvre au sein des entreprises de transport.
Afin de répondre à cette situation, les CFF et CarPostal ont décidé de réduire leur offre en concertation avec l’Office fédéral des transports. «Ces mesures sont nécessaires pour pouvoir assurer le bon fonctionnement des transports publics aussi longtemps que possible avec une offre réduite», relève un communiqué de presse. L’offre de base des transports publics devrait permettre de respecter la distanciation sociale recommandée par la Confédération. La longueur des trains en circulation ne sera pas réduite, du moins «dans la mesure du possible».
Les concepts d’horaire pour l’ensemble du trafic grandes lignes et du trafic régional ont été refondus. Les CFF ont prévu de réduire l’offre en trois étapes. Les premières et dernières liaisons de la journée ne sont pas concernées et circulent normalement.
Les entreprises de transport annoncent garantir l’offre de base mais prient les voyageurs de consulter systématiquement l’horaire en ligne. Dès dimanche prochain, celui-ci sera actualisé quotidiennement avant 20 heures, une fois que les modifications de l’horaire auront été introduites dans les systèmes respectifs.
Dès aujourd’hui 19 mars, les CFF suppriment les trains supplémentaires des grandes lignes aux heures de pointe, ainsi que les trains de nuit. Les trains internationaux ne circulent que jusqu’à la frontière.
Dès lundi 23 mars, plusieurs trafic grandes lignes et régional sont supprimés. Pour la Suisse romande, citons les suppressions partielles de la ligne Genève Aéroport-Lausanne-Brig, Annemasse-Genève-Lausanne-Vevey/St Maurice ainsi que du Léman Express. Dès le jeudi 26 mars, d’autres suppressions partielles ou complètes de lignes sont attendues.
Les horaires d’ouverture des Centres voyageurs des CFF seront également adaptés en fonction du recul de la demande. Les services bagages sont suspendus temporairement. (htr/lg)
Plus d'informations des CFF ici
Coronavirus
«Ces hôtels plongés dans le noir font penser à un couvre-feu»
«En mars-avril, mon taux d’occupation avoisine généralement les 55 à 60%. A la mi-mars, ce taux atteignait 8 à 10%, représentant une perte de chiffre d’affaires de 85%. Aujourd’hui, mon hôtel est vide.» Marie Forestier annonçait lundi le cœur lourd face aux médias avoir décidé le matin même de fermer son établissement 3 étoiles de La Tour-de-Paix, après avoir bouclé le restaurant deux jours plus tôt. La directrice de l’Hôtel Bon Rivage, par ailleurs membre du comité exécutif d’HotellerieSuisse, figurait parmi les premiers hôtels à prendre cette décision. Mais depuis, les annonces se succèdent. De Genève aux stations valaisannes, autant les petits que les grands établissements, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour la fermeture. Même si le Conseil fédéral autorise l’ouverture des hôtels, mais pas de leur restaurant.
«Avant, on parlait d’annulations, aujourd’hui, il n’y a plus aucune activité», partage à son tour Stefano Brunetti, président des hôteliers lausannois et directeur de l’Hôtel de La Paix. Dans son établissement, les longs corridors sont effectivement déserts, la réception est inoccupée, on entend un bruit d’aspirateur au loin. L’hôtelier n’hésite pas à parler d’un «tsunami» pour les 40 hôtels qu’il représente. «Dans les prochaines heures et jours, 90% des collaborateurs de l’hôtellerie se trouveront à l’arrêt, soit l’équivalent de 1800 personnes. Les pertes de chiffre d’affaires sont estimées à un million de franc par jour pour Lausanne.»
Son de cloche similaire à Genève: «Les compteurs tombent petit à petit à zéro. J’estime le taux d’occupation à 10% sur la destination à ce jour [mardi]», indique Thierry Lavalley, président des hôteliers genevois et directeur du Fairmont Grand Hotel Geneva. «Je n’ai jamais vu la ville comme ça: ces hôtels plongés dans le noir, ces restaurants fermés font penser à un couvre-feu. C’est une situation très triste.»
Le Beau Rivage, l’Atrium Airport Hotel (tout juste inauguré) ou encore le Warwick font partie des établissements genevois ayant notamment décidé de fermer. «Nous n’émettons pas de consignes à ce niveau-là, cette décision appartient à chaque hôtelier en fonction aussi de son propriétaire», poursuit Thierry Lavalley. Sur la Riviera, Le Montreux Palace, le Swiss Majestic, le Grand Hotel du Lac et L'Helvétie ont aussi fermé.
En Valais, le Conseil d’Etat avait décidé lundi de fermer tous les hôtels. Une décision finalement annulée par celle du Conseil fédéral: «Nous regrettons ce manque de coordination, réagit Patrick Bérod, directeur de l’Association hôtelière du Valais. Si on veut éviter la propagation du virus, les hôtels doivent fermer.» La plupart des établissements, autant en plaine qu'en stations, ont déjà opté pour cette mesure, suite à la fermeture des remontées mécaniques ce week-end. Patrick Bérod estime toutefois que certains hôtels doivent rester ouverts, du moins en partie, pour héberger ceux «qui n’ont nulle part où loger» comme les travailleurs détachés, les techniciens, le personnel de la grosse industrie ou des touristes ne pouvant rentrer chez eux.
Coronavirus
Les hôtels valaisans restent ouverts
Le Conseil d’Etat valaisan a décrété hier matin l’état de situation extraordinaire pour l’ensemble du territoire cantonal et pris un certain nombre de mesures. Le Conseil fédéral a ensuite qualifié à son tour cet après-midi la situation de «situation extraordinaire» au niveau suisse.
Cela signifie que les mesures décidées par le Conseil fédéral s’appliquent sur tout le territoire national et priment sur les mesures annoncées par le canton du Valais. Les hôtels, la parahôtellerie ainsi que les autres formes d’hébergement (y compris les sites de réservation en ligne comme airbnb) restent par conséquent ouverts, conformément à la décision de la Confédération, même si l’Etat du Valais avait annoncé leur fermeture dès demain soir.
Les hôteliers restent bien entendu libres de décider s’ils entendent ouvrir ou fermer leurs établissements. (htr)
Coronavirus
Le Conseil fédéral qualifie la situation d'«extraordinaire
Au vu de l'accélération de la propagation du coronavirus, le Conseil fédéral renforce encore les mesures destinées à protéger la population. Il requalifie la situation en Suisse de «situation extraordinaire» au sens de la loi sur les épidémies, ce qui lui permet d'édicter des mesures nationales, c'est-à-dire identiques pour tous les cantons. Il a préalablement informé les cantons de cette nouvelle étape.
Toutes les manifestations publiques ou privées sont interdites dès ce soir minuit. Tous les magasins, marchés, restaurants, bars, établissements de divertissements et de loisirs tels que les musées, les bibliothèques, les cinémas, les salles de concert, les théâtres, les centres sportifs, les piscines et les domaines skiables sont fermés. Doivent également fermer leurs portes les établissements dont les prestations impliquent un contact rapproché avec les clients, comme les salons de coiffure et autres centres esthétiques.
L'approvisionnement de l'ensemble de la population en denrées alimentaires, en médicaments et en biens de consommation courante est assuré, les stocks sont suffisants. Les magasins d'alimentation, les cantines d'entreprises, les services de petite restauration à l'emporter et de livraison de repas ainsi que les pharmacies restent ouverts, de même que les stations-service, les gares, les banques, les offices de poste, les hôtels, les administrations publiques et les services du domaine social. Les ateliers de réparation de moyens de transport ne doivent pas non plus fermer leurs portes. Tous ces établissements doivent respecter les recommandations de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) en matière d'éloignement social et d'hygiène.
Les hôpitaux, cliniques et cabinets médicaux restent ouverts, mais doivent renoncer à tous les traitements et interventions non urgents. Les personnes particulièrement à risque doivent travailler à domicile. Si c'est impossible, elles doivent être mises en congé par leur employeur ; le versement de leur salaire est maintenu.
Dans l'ordonnance révisée sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus (COVID-19), le Conseil fédéral règle aussi la question des lieux d'accueil extrafamilial des enfants. Les cantons doivent garantir des offres d'accueil pour les enfants qui ne peuvent pas bénéficier d'une solution de garde privée. Les crèches ne peuvent être fermées que s'il existe d'autres offres d'accueil de remplacement adéquates. Cette mesure vaut jusqu'au 19 avril 2020, comme, dès à présent, celle relative à la fermeture des écoles.
Enfin, le Conseil fédéral appelle la population à éviter tous les contacts superflus, à garder ses distances et à respecter les règles d'hygiène. Il demande en particulier aux plus âgés de rester chez eux.
Jusqu'à 8000 militaires au service du système de santé, de la logistique et de la sécurité
Le Conseil fédéral estime que les autorités civiles vont avoir nettement plus besoin de l'armée ces prochains jours et semaines. Afin de répondre aux demandes des cantons, le Conseil fédéral élève le plafond relatif au service d'appui, qui passe de 800 à 8000 militaires, et ce, jusqu'à fin juin 2020.
L'armée doit en premier lieu soutenir le système de santé avec des prestations sanitaires, notamment de soins, de surveillance des patients, de transport sanitaire et de logistique hospitalière (p. ex. désinfection des lits, cuisine, buanderie, nettoyage). Il est également prévu que l'armée se charge, si nécessaire, de différentes tâches logistiques supplémentaires, notamment en transportant et en montant des infrastructures improvisées. Enfin, l'armée peut également, afin de décharger les corps de police cantonaux dans le domaine de la sécurité, apporter un soutien renforcé au niveau de la protection des ambassades, mais aussi aux frontières et dans les aéroports (appui des gardes-frontières).
S'agissant du soutien aux services de santé, les 3000 militaires disponibles vont immédiatement être mis à disposition. L'ampleur du recours à l'armée dépendra de l'évolution de la situation et des demandes des autorités compétentes.
Mobilisation des formations de milice à disponibilité élevée
Les troupes en service régulier seront les premières à être mobilisées. Les écoles de recrues, les services longs et les cours de répétition seront ainsi prolongés si nécessaire. Dans certains domaines, il est nécessaire de mobiliser des troupes supplémentaires, en particulier les formations de milice à disponibilité élevée, et notamment les quatre bataillons hospitaliers ainsi que cinq compagnies sanitaires. Une fois l'engagement déclenché, ce qui devrait être le cas aujourd'hui encore, ces formations seront opérationnelles dans un délai de quatre jours.
Afin de pouvoir réagir suffisamment tôt et de manière appropriée à l'évolution de la situation, le Département de la défense, de la protection de la population et des sports est également autorisé à mettre à la disposition des autorités civiles des troupes n'appartenant pas aux milices à disponibilité élevée, c'est-à-dire qu'il peut mobiliser temporairement certaines troupes et leur fournir la formation ad hoc. L'idée est de leur faire suivre une formation de quelques jours, puis de les libérer. Elles pourront ensuite être réquisitionnées en fonction des demandes des cantons.
Contrôle renforcé aux frontières
Le Conseil fédéral a décidé d'établir aussi, dès ce soir minuit, des contrôles aux frontières allemandes, françaises et autrichiennes et d'interdire partiellement l'entrée sur le sol helvétique. Vendredi, il avait déjà mis en place les contrôles prévus dans l'accord de Schengen pour les personnes en provenance de l'Italie. Depuis ces quatre pays, l'entrée sur le territoire helvétique n'est plus possible que pour les citoyens suisses, les personnes ayant un permis de séjour en Suisse ainsi que pour les personnes qui doivent voyager en Suisse pour des raisons professionnelles. Le transit et le transport de marchandises restent autorisés. Enfin, les personnes ayant des raisons impérieuses seront elles aussi autorisées à entrer en Suisse. Cette mesure vise à protéger la population suisse et à préserver les capacités du système suisse de santé. Dans cette optique, les douanes secondaires sont fermées à toutes les frontières, de manière à canaliser le trafic sur les douanes principales. Une liste de celles-ci sera publiée par l'Administration fédérale des douanes.
Le Conseil fédéral observe l'évolution de la situation en continu. Il a demandé au Département fédéral de justice et police d'évaluer, conjointement avec le Département fédéral de l'intérieur et le Département fédéral des affaires étrangères, une extension des contrôles aux frontières et des interdictions d'entrée aux voyageurs en provenance d'autres pays fortement touchés par la propagation du coronavirus. (htr)
Coronavirus
L’Association romande des hôteliers lance un appel aux cantons
L’Association romande des hôteliers (ARH) vient de tenir ce matin une conférence de presse, à Lausanne, elle tient à s’exprimer clairement sur la crise actuelle liée au coronavirus: «L’hôtellerie romande subit de plein fouet les conséquences économiques liées à la problématique du coronavirus. Les annulations ont débuté en février et se poursuivent de manière récurrente avec des effets sur les mois de mars, d’avril, mai et juin. Dans une telle situation de crise, les annulations ont des effets visibles immédiatement. Les hôtels se vident du jour au lendemain. Si elle devait perdurer, cette crise aura des conséquences dramatiques sur la branche. Nous lançons un appel aux cantons de Vaud, Fribourg, Neuchâtel et Jura pour que des mesures de soutien soient prises à très court terme.»
L’ARH par les voix de son président Philippe Thuner et de son directeur Alain Becker a ensuite détaillé son analyse: «C’est le segment « business » qui représente la plus grande partie des annulations (60 à 80% des annulations), suivi du segment « événements - congrès, salon, manifestations sportives et culturelles – (20 à 40% des annulations) et enfin du tourisme (5 à 20%). Les taux d’occupation des hôtels ont chuté de manière abrupte. Ils sont passés de 60, 70, 80% en quelques jours à 5, 15 ou 30 %. Par conséquent, le chiffre d’affaires est lui aussi en chute libre. Sur le seul mois de mars, les petits hôtels ont des pertes de chiffres d’affaires de CHF 10'000 à CHF 50'000, les hôtels de taille moyenne des pertes de CHF 50'000 à CHF 200'000 et les grands hôtels des pertes de plusieurs centaines de milliers de francs. Tous les cantons et toutes les régions, même les plus périphériques, sont touchés. Celles qui le sont dans une moindre mesure aujourd’hui attendent avec angoisse les jours à venir. Les pertes conséquentes de recettes sur plusieurs semaines et mois sont perdues à jamais. Il ne sera pas possible de les rattraper. A cela s’ajoute le fait que tout hôtel doit faire face à des charges fixes incompressibles (de l’ordre de 60 à 70% des charges). Il est fondamental que les pouvoirs publics prennent conscience de l’extrême gravité de la situation qui se transformera en catastrophe pour la branche si les effets économiques du coronavirus perdurent. Les licenciements seront malheureusement inévitables et des faillites d’établissement hautement probables. Si l’hôtellerie est le pilier du tourisme, elle est aussi indispensable à l’activité économique d’un canton et à son développement.»
L’ARH a encore annoncé ses priorités à la Confédération et aux cantons.
La première priorité est le maintien des emplois. Dans une branche où le recrutement est déjà suffisamment difficile, il est fondamental que les hôtels, dans la mesure du possible, puissent conserver leur personnel pour reprendre l’exploitation après la crise. L’ARH demande que: «La procédure pour la réduction de l’horaire de travail soit simplifiée, allégée et accélérée; Les décisions prises par le SECO récemment vont dans ce sens, ce qui est satisfaisant. Le droit à la réduction de l’horaire de travail soit étendu aux indépendants et aux travailleurs qui disposent d’un contrat à durée déterminée.»
La deuxième priorité est d’assurer les liquidités pour éviter les faillites. De nombreux hôtels seront rapidement en difficulté financière. Comme il n’est pas possible d’agir au niveau des recettes, il est indispensable de réduire le poids des charges à court terme par des reports ou allégements d’impôts, de taxes ou de factures diverses. L’ARH ne doute pas de la créativité des collectivités publiques pour venir en aide à une branche qui n’a jamais vécu un tel marasme.
La troisième priorité est de mettre les services clés de l’Etat en «mode urgence». «Il y a une urgence sanitaire mais aussi une urgence économique. Il est capital que des services clés tels que Service de l’emploi, Caisse cantonale de chômage ou autre soient urgemment renforcés afin de faire face à la demande», déclare l’ARH. (htr/aca)
Covid-19
Le Conseil fédéral renforce les mesures contre le coronavirus
Afin d'empêcher les contaminations et de freiner la diffusion du virus, la population doit garder ses distances. Dans ce but, le Conseil fédéral a approuvé toute une série de mesures. Valables dès maintenant et jusqu'au 30 avril, elles visent à protéger les personnes âgées et malades et à empêcher autant que possible une surcharge des hôpitaux.
Les manifestations publiques et privées de plus de 100 personnes sont interdites. Les cantons peuvent décréter des exceptions s'il existe un intérêt public prépondérant, par exemple pour des assemblées générales. Dans ce cas, il convient de prendre différentes mesures visant à protéger les participants, et notamment les personnes particulièrement à risque. Les manifestations de moins de 100 personnes doivent elles aussi prévoir des mesures de protection. Une pratique cantonale uniforme est ainsi garantie. À noter que la règle des 100 personnes vaut aussi pour les centres de loisirs, les musées, les centres sportifs, les piscines et les stations de ski.
Les restaurants, les bars et les discothèques ne peuvent accueillir plus de 50 personnes en même temps et les personnes présentes doivent pouvoir respecter les recommandations de l'OFSP en matière d'hygiène et de distance.
Les cours et les activités sur place dans les écoles, les hautes écoles et les centres de formation sont interdits jusqu'au 4 avril. Les examens déjà prévus peuvent avoir lieu moyennant certaines mesures de protection. Pour les enfants du primaire, les cantons peuvent cependant prévoir des offres d'accueil afin d'éviter que les enfants soient gardés par leurs grands-parents ; ceux-ci font en effet partie des personnes particulièrement à risque.
Utilisation optimale des infrastructures de santé
Le Conseil fédéral veut également tout mettre en œuvre pour garantir l'utilisation optimale des infrastructures de santé dans l'ensemble du pays et éviter une situation de surcharge dans certains cantons.
Pour ce faire, ces derniers devront fournir régulièrement à la Confédération des informations sur l'état de la situation sanitaire sur leur territoire, et notamment sur le nombre total et le taux d'utilisation des lits d'hôpitaux et des respirateurs artificiels, sur les stocks de matériel de protection personnelle et sur la disponibilité du personnel médical.
Quelque 10 milliards pour l'aide d'urgence et l'indemnisation du chômage partiel
Le Conseil fédéral est conscient de l'impact économique important des mesures prescrites. Il entend donc offrir un soutien rapide et sans bureaucratie aux milieux économiques. L'objectif premier est de maintenir le versement des salaires. Pour ce faire, une aide d'urgence provenant de différentes sources et d'un montant de quelque 10 milliards de francs est à disposition. Les principaux éléments sont les suivants :
- Pour l'indemnisation du chômage partiel, il est possible de puiser jusqu'à 8 milliards de francs dans le fonds de l'assurance-chômage. Le délai de carence pour le chômage partiel est abaissé à un jour, dès maintenant et jusqu'au 30 septembre 2020. Les entreprises ne devront donc assumer qu'une journée de chômage technique avant de recevoir le soutien de l'assurance-chômage. Le Conseil fédéral demande par ailleurs au SECO d'évaluer, d'ici au 20 mars, l'opportunité d'étendre le droit au chômage partiel aux employés en contrat de travail à durée déterminée (non résiliable) et aux travailleurs temporaires. Pour ce faire, il faudra adapter la législation.
- Le Conseil fédéral examine la possibilité d'accorder un soutien financier pouvant aller jusqu'à un milliard de francs aux entreprises particulièrement touchées, afin qu'elles bénéficient d'une aide financière ou d'une aide transitoire leur permettant de disposer des liquidités nécessaires (réglementation sur les cas de rigueur). L'évaluation sera effectuée sous la houlette du DFF et les fonds nécessaires demandés d'ici au 1er avril.
- Les PME en difficulté financière peuvent bénéficier dès maintenant de crédits bancaires garantis par cautionnement d'un montant total de 580 millions de francs. 10 millions de francs doivent en outre être accordés aux organisations de cautionnement pour couvrir leurs frais administratifs exceptionnels. En vertu de la loi fédérale sur les aides financières aux organisations de cautionnement en faveur des PME, quatre organisations reconnues peuvent fournir aux entreprises de toutes tailles des cautionnements allant jusqu'à un million de francs. Les crédits bancaires accordés par le biais de ces cautionnements doivent être remboursés. Le Conseil fédéral allège les conditions d'un tel cautionnement. Jusqu'à fin 2020, il entend prendre en charge les coûts uniques d'évaluation des demandes ainsi que les primes de risque des entreprises pour la première année du cautionnement.
- Un montant maximal de 4,5 millions de francs peut également être sollicité pour compenser les pertes liées aux activités de promotion de l'exportation (p. ex. foires) de l'association officielle Switzerland Global Enterprise (S-GE).
Soutien des secteurs sportifs et culturels
Les organisateurs de manifestations sportives et le secteur culturel sont fortement touchés par la propagation du coronavirus et les mesures des autorités visant à l'endiguer. S'agissant des organisations sportives bénévoles, une contribution à fonds perdu de 50 millions de francs va être débloquée. Pour en bénéficier, les associations faîtières concernées doivent imposer à leurs membres de constituer à moyen terme le capital nécessaire pour faire face à une situation exceptionnelle de six mois. Les critères précis seront inscrits dans une ordonnance. Le Conseil fédéral entend par ailleurs accorder des prêts remboursables sans intérêts aux milieux professionnels des sports d'équipes, car l'accès aux crédits bancaires est difficile dans les milieux sportifs. Jusqu'à 50 millions de francs sont également prévus pour cette mesure.
Pour le secteur culturel, le Conseil fédéral entend également mettre des fonds supplémentaires à disposition. Le DFI élabore à cet effet, par le biais d'une procédure d'urgence, un projet de loi limité dans le temps. Celui-ci doit permettre des mesures économiques supplémentaires qui compléteront les autres instruments destinés à amortir l'impact des mesures prises. Le Conseil fédéral souhaite ainsi éviter que l'existence de manifestations culturelles récurrentes soit menacée, et soutenir les acteurs culturels indépendants en difficulté. Lors de l'élaboration de la loi, il s'agira en outre d'évaluer comment impliquer financièrement les cantons, qui sont responsables du secteur culturel.
Mesures relatives aux transports publics
Le Conseil fédéral a également pris connaissance des recommandations de l'OFSP relatives aux transports publics. Si ces derniers sont la base d'une économie fonctionnelle et l'un des piliers de notre société, ils représentent aussi un risque accru d'infection par le nouveau coronavirus lorsqu'ils sont très fréquentés. Afin de minimiser ce risque, l'OFSP recommande d'éviter autant que possible les transports publics.
Les personnes qui présentent les symptômes d'une maladie respiratoire et celles de plus de 65 ans doivent renoncer à les emprunter. Par ailleurs, les employeurs doivent adapter les horaires de travail de leurs employés pour leur permettre d'éviter les heures de pointe. Ils doivent également permettre le télétravail dans la mesure du possible. Enfin, les entreprises de transports publics doivent supprimer les services dans les trains et prendre toutes les mesures qui s'imposent pour protéger le personnel roulant.
Mise en place des contrôles aux frontières prévus dans l'accord de Schengen
Le Conseil fédéral a décidé de réintroduire, avec effet immédiat et au cas par cas, des contrôles Schengen à toutes ses frontières. L'entrée en Suisse depuis l'Italie n'est ainsi autorisée qu'aux citoyens suisses, aux personnes ayant un permis de séjour en Suisse ainsi qu'à celles qui doivent voyager en Suisse pour des raisons professionnelles. Le transit et le transport de marchandises restent autorisés. Les personnes ayant des raisons impérieuses seront elles aussi autorisées à entrer en Suisse depuis l'Italie.
Avec cette restriction d'entrée, le Conseil fédéral reprend telles quelles les mesures mises en place par le gouvernement italien. Il s'agit en premier lieu de protéger la population suisse et de préserver les capacités du système de santé helvétique. Mais cette mesure permet aussi de renforcer l'efficacité de la réglementation italienne visant à freiner la propagation du virus Le Conseil fédéral suit l'évolution de la situation en continu et étendra si nécessaire les mesures aux frontières aux voyageurs d'autres pays ou régions.
Coronavirus
Le monde du tourisme demande des mesures ciblées
«Le nombre croissant d’événements annulés touche tout particulièrement la branche dans l’ensemble du pays. Face à cette situation extrême, le Conseil fédéral doit rapidement prendre des mesures de manière ciblée et déterminante afin de l’aider à surmonter les pénuries de liquidités », estiment les principales associations du pays dont HotellerieSuisse, GastroSuisse et la Fédération Suisse du Tourisme dans un communiqué. Elles donnent quelques exemples: «Des suspensions proactives et importantes des amortissements et des délais de paiement supplémentaires pour les éventuelles taxes fédérales comme la taxe sur la valeur ajoutée; la mise en place de prêts non bureaucratiques à taux zéro constitue une autre mesure urgente pour la branche.» Ou encore à propos des dispositions relatives au périmètre d’encouragement de la Société suisse de crédit hôtelier (SCH): «Elles doivent être abrogées, au moins pour les prochains mois.»
«Des allègements pour réduire l'horaire de travail»
La branche cite encore d’autres mesures: «Dans l’immédiat, la réduction de l’horaire de travail doit être simplifiée sur le plan administratif, tandis que les conditions d’obtention doivent être assouplies. La branche salue dès lors la décision communiquée hier concernant la réduction du délai d’annonce. En outre, le tourisme demande au Conseil fédéral de diminuer le nombre de jours de carence (de 3 jours à 1 jour). Par ailleurs, la définition des bénéficiaires doit être élargie. En effet, la branche de l’hôtellerie étant majoritairement constituée de PME, les conjoints collaborateurs doivent être autorisés à déposer un préavis de réduction de l’horaire de travail. Pendant la réduction de l’horaire de travail, les cantons doivent se montrer plus conciliants dans la validation des formations continues. Du fait des pénuries de liquidités, nous exigeons également un versement rapide des indemnités en cas de réduction de l’horaire de travail. En raison de la situation exceptionnelle de nombreux travailleurs frontaliers, il convient d’abroger temporairement la disposition légale obligeant les collaborateurs bénéficiant d’une autorisation frontalière à retourner au moins une fois par semaine dans les zones à risques.»
Depuis l’irruption du coronavirus en Europe et en Suisse, nombreuses sont les entreprises à subir un effondrement considérable de leur chiffre d’affaires. Selon le dernier sondage mené par HotellerieSuisse, les établissements interrogés escomptent en moyenne une baisse de 45 % de leur chiffre d’affaires en mars et en avril. De plus, 91 % d’entre eux sont confrontés à un recul significatif des nouvelles réservations. «En vue d’amortir le choc, la branche demande des allègements pour réduire l’horaire de travail ainsi que des mesures immédiates pour surmonter la pénurie de liquidités, par exemple sous forme de prêts non bureaucratiques à taux zéro», déclarent les partenaires. Selon le même sondage d’HotellerieSuisse: «Les chiffres d’affaires seront presque divisés par deux en mars (-45 %). Cette tendance se confirmera très probablement en avril. À l’heure actuelle, environ 45 % des réservations de mars et d’avril ont été annulés. Plus de 90 % des établissements interrogés connaissent un recul significatif des nouvelles réservations. C’est pourquoi la moitié d’entre eux escomptent une pénurie de liquidités jusqu’à fin avril.»
Le secteur a généré plus de 19 millards de francs en 2018
Dans le sondage réalisé par HotellerieSuisse, les établissements indiquent que les annulations et la baisse des nouvelles réservations provenaient principalement de l’UE et de la Suisse. Les marchés asiatiques et américains sont aussi lourdement touchés. Des mesures de stimulation de la demande sont donc de mise. Selon l’évolution de la situation, la Confédération devra prévoir davantage de moyens à cette fin. Selon le compte satellite du tourisme, le secteur a généré en 2018 une valeur ajoutée brute directe de plus de 19 milliards de francs à partir d’une demande de 47 milliards de francs, ce qui représente une part de 2,9 % de la valeur ajoutée brute directe de l’économie nationale.
Les associations de tourisme suivantes soutiennent ces revendications: HotellerieSuisse, GastroSuisse, Parahotellerie Schweiz, Remontées Mécaniques Suisses, la Fédération suisse du tourisme, la Conférence des directeurs d’office de tourisme régionaux, l’Union des transports publics, Swiss Snowsports, l’Association suisse des managers en tourisme et l’Association des entreprises suisses de navigation. (htr)
Coronavirus
«On ne peut pas agir dans la précipitation»
Adrien Genier, en tant que directeur de Genève Tourisme, comment gérez-vous les différentes annulations d’évènements qui se succèdent dans votre ville dues au coronavirus?
Il faut peut-être commencer par dire que la situation s’est accélérée ces derniers jours en Suisse, après la décision du Conseil fédéral d’interdire toutes les manifestations de 1000 personnes et plus, jusqu’au 15 mars. En moins d’une semaine, de nombreux évènements ont été annulés ou reportés. Donc nous veillons principalement à tenir à jour tout ce flux à travers la mobilisation de tous nos collaborateurs. Depuis janvier déjà, nous relayons les recommandations des autorités compétentes: l’OFSP en matière de santé publique, Suisse Tourisme, HotellerieSuisse et GastroSuisse pour les questions spécifiques à la branche.
Mais les annulations du Salon de l’auto puis du Salon de l’horlogerie restent particulièrement marquantes pour le monde du tourisme…
Oui, absolument. Chacun de ces évènements phares représente environ 30'000 nuitées hôtelières sur un total de 3,2 millions de nuitées annuelles à Genève. Avec des valeurs d’hébergement extrêmement élevées, importantes pour la destination. Depuis la décision du Conseil fédéral vendredi dernier, nous renforçons nos efforts de coordination avec nos partenaires hôteliers et non-hôteliers, afin d’évaluer l’impact pour la destination à court terme. Nous sommes aussi en contact permanent avec l’Etat de Genève, tout comme avec nos grands clients de congrès.
On peut qualifier la destination genevoise de singulière…
Oui, car nous touchons quatre publics, avec le loisir, les congrès, les délégués internationaux et le tourisme d’affaires. Nous dépendons en grande partie du tourisme d’affaires, comme Bâle et Zurich. Et on constate que l’industrie horlogère a restreint ses voyages et ses réunions, tout comme le monde bancaire, qui multiplie aussi les interdictions.
Et si la Genève internationale venait à être largement touchée?
Un quart de nos nuitées repose sur le segment des délégations internationales. A l’heure où je vous parle, l’Assemblée mondiale de la santé, qui aura lieu en mai, ou le congrès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle sont maintenus. Mais dans cette situation très dynamique, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles directives qui pourraient impacter une partie de ces nuitées.
Coronavirus: des réponses aux questions de la branche
Quelles conditions d'annulation prévalent en cas de suppression d'un grand événement, de maladie ou de la peur d'un hôte de se rendre dans la destination? Que faire si un collaborateur est malade ou craint de le devenir? Quelles mesures s'appliquent si un hôtel tourne au ralenti et nécessite moins de collaborateurs? HotellerieSuisse a compilé une liste de questions-réponses spécifiques à la branche du tourisme et de l'hôtellerie-restauration. Elles sont actualisées en fonction de l'évolution de la situation.
hotelleriesuisse.ch/coronavirus
Des réunions de crise avec vos différents partenaires sont-elles déjà mises sur pied?
Non, pas pour le moment. Certains contacts téléphoniques notamment avec les hôteliers ont été intensifiés. Nous les sondons sur des sujets précis. Mais encore une fois tout se passe très rapidement, et nous ne nous situons pas dans le temps de l’organisation des réunions qui se mettront en place en temps voulu.
Quelle est la priorité de votre communication de crise?
Nous sommes attentifs aux questions et interrogations de nos partenaires et de nos collaborateurs. Nous sommes engagés dans ce dialogue et devons éviter de céder à la panique.
Avez-vous déjà des pistes pour relancer le tourisme après cette épreuve majeure?
Evidemment, nous n’avons pas attendu cette décision de la Confédération pour regarder plus loin. Nous saurons comment réagir en temps voulu sur nos marchés de proximité, notamment avec des plans d’action sur les courts séjours. Ceux-ci nécessiteront une communication active, des budgets et des équipes dédiées. Nous nous y préparons activement.
Mais aujourd’hui vos priorités restent ailleurs…
On se concentre sur l’urgence sanitaire et rassure les autres acteurs. Il faut maîtriser une situation critique et ne pas surjouer la résistance.
Qu’est-ce qui vous semble le plus important pour le moment?
Nous devons travailler sur des actions réfléchies. On ne peut pas agir dans l’urgence et la précipitation, il ne faut en aucun cas gesticuler.
On vous sent serein malgré l’ampleur considérable de cette crise…
Je suis capitaine de voilier et je sais que paniquer peut amener au pire.
Un dernier point qui vous semble capital dans votre gestion quotidienne de cette situation hors norme?
Je voulais souligner la qualité de la collaboration avec Suisse Tourisme, avec qui nous échangeons depuis le début de la crise du coronavirus, en janvier. La clarté des
informations permet aux destinations touristiques de communiquer sur une ligne commune. Cela me semble capital.
Editorial
L’épidémie rappelle la nécessité de se diversifier
490 décès et plus de 24'300 personnes contaminées au moment de rédiger ces lignes. L'épidémie qui agite et inquiète la planète impacte désormais aussi le tourisme. Vols suspendus, annulations de réservations ou même de grands événements, à l’image de Swatch Group qui a annoncé lundi renoncer à son salon début mars à Zurich. En Suisse, les professionnels de la branche se préoccupent de la situation, sans céder à la panique. Vous autres hôteliers et acteurs touristiques semblez relativiser les pertes: cet épisode arrive «par chance» durant une période de basse saison pour les hôtes chinois. Vous nourrissez l’espoir que ces réservations annulées soient reportées. On ne peut que soutenir votre optimisme, votre flexibilité et votre désir d'hospitalité à l'égard de ces hôtes.
Cette situation de crise nous incite aussi à nous interroger sur l’importance du tourisme chinois en Suisse. Elle pose la question de notre dépendance, notamment celle de certains hotspots comme Lucerne et Interlaken. Les Chinois sont certes devenus le quatrième marché étranger, devant la France. Mais plus que le nombre de nuitées générées – 4,5% des nuitées hôtelières suisses – c’est surtout la croissance en flèche qui impressionne. Tout comme le fort pouvoir d’achat. Ce marché contribue à la prospérité du tourisme helvétique, mais de façon très inégalitaire. Les régions ayant bâti leur succès sur le tourisme asiatique – dont la Chine – seront plus durement frappées par cette situation. Le coronavirus révèle la fragilité d’une stratégie qui consiste à concentrer ses efforts sur un marché spécifique. Mais la nécessité de diversification incombe aussi aux organes de promotion touristique. Nous ne pouvons que les encourager à vendre d'autres coins de Suisse. Il en va d'une meilleure gestion des flux touristiques, d'une répartition plus juste des chances et des risques.
Lire nos deux articles à ce sujet: «Traiter le virus comme un ennemi» et «Le scénario du pire devrait pouvoir être évité»
Coronavirus
Le scénario du pire devrait pouvoir être évité
De nombreux visiteurs chinois arrivent à Zurich ou à Genève. Ces destinations remarquent rapidement les suppressions de vols, bien qu’en ce début de semaine, la situation à Zurich ne semble pas dramatique. «Jusqu’ici, nous n’avons dû faire face qu’à des annulations ponctuelles», affirme Daniel Twerenbold, directeur général de l’hôtel Radisson Blu de l’Aéroport de Zurich et directeur de district pour la Suisse, l'Autriche et l'Italie. Exprimées en chiffres, selon l’hôtelier, début février, les pertes du Radisson Blu Zurich Airport oscillaient entre 10'000 et 20'000 francs. Pour l’ensemble du groupe Radisson, toutes les annulations dues au virus sont gratuites jusqu’à fin février. Selon Daniel Twerenbold, l’absence des clients chinois pèsera bien plus lourd pour les destinations de loisirs comme Lucerne que pour l’hôtel de l’Aéroport de Zurich.
En effet, dans la ville de Suisse centrale, les visiteurs de l’Empire du Milieu représentent avec 9% le deuxième groupe de clients étrangers après les Etats-Unis (18%). Conrad Meier, président de Luzern Hotels et directeur du Grand Hotel Europe, s’inquiète quant à lui de l’interdiction des voyages à forfait et de l’annulation des vols de et vers la Chine: «Depuis cette semaine, nous ressentons les effets de cette interdiction imposée par les autorités chinoises et de la suppression des départs.» Il s’attend ainsi à une forte baisse du nombre de réservations dans son hôtel pour les mois à venir. Markus Conzelmann, General Manager du Radisson Blu Hotel Lucerne, confirme lui aussi que son établissement a déjà enregistré le désistement de deux ou trois groupes. Aucune raison selon lui de céder à la panique. Il pense que la levée des restrictions de voyage en Chine – vraisemblablement entre avril et mai – pourrait même entraîner des saturations, alors chacun voudra partir.
Outre les hôtels, les boutiques spécialisées et les chemins de fer de montagne des régions de Lucerne et d’Interlaken sont aussi directement concernés. Sandrina Estrada-Glaser, des Rigi Bahnen, confirme que les touristes chinois ont essentiellement annulé des réservations à court terme. Pour Peter Reinle, CEO suppléant des Titlis Bergbahnen, la situation n’a encore rien de dramatique: «Les Chinois ne représentent que 5% des touristes en hiver, 12% en été. Nous ne pouvons pas encore chiffrer les pertes, mais elles seront supportables.»
Sur le Pilate, en saison hivernale, environ un tiers des visiteurs – dont la moitié vient de Chine – voyagent en groupe. D’après Tobias Thut, responsable médias de Pilatus Bahnen, l’impact est donc perceptible, mais là aussi, l’été constitue la haute saison touristique chinoise. Comme dans l’Oberland bernois: selon Kathrin Naegeli, le Chemin de fer de la Jungfrau déplore certes quelques annulations de groupes, mais elles sont compensées par de nouvelles réservations pour une période ultérieure de l’année. «Nous avons l’habitude de nous adapter aux subits changements du marché», précise la responsable Communication. Sur le Jungfraujoch, environ 20% des touristes viennent de Chine, dont 40% voyagent individuellement et 60% en groupe. Pour autant que le virus puisse être maîtrisé d’ici mars et que les restrictions de voyage chinoises soient levées, tous estiment que les pertes pour le tourisme suisse devraient être gérables.
Les espoirs sont ainsi tournés vers les mois d’avril, mai et surtout juin, début de la haute saison touristique chinoise en Suisse. Les principaux acteurs de la branche sont unanimes: si le virus était apparu trois mois plus tard, les conséquences auraient très probablement été beaucoup plus graves.
Adaptation et traduction de Régis Gobet
Il pourrait manquer 50 000 nuitées selon les prévisions de Suisse Tourisme
Suisse Tourisme (ST) s’attend toujours à un recul des nuitées pour l'hôtellerie de clients chinois pouvant atteindre 50%. Une estimation qui peut toutefois varier considérablement d’une région à l’autre, tous les prestataires touristiques n’étant pas touchés de la même manière. L’évolution de la situation au-delà du mois de février sera déterminante. La perte sur le chiffre d’affaires n’est, selon ST, que vaguement estimable: du fait des restrictions du trafic aérien jusqu’à la fin du mois, il pourrait manquer en février environ 50'000 nuitées de clients chinois en hôtel (3,15 millions de nuitées au total pour l’ensemble des clients), soit un chiffre d’affaires touristique estimé à 19 millions de francs. Mais il reste possible que certains séjours annulés soient récupérés plus tard dans l’année.
Lire aussi l'interview de Yong Chen, professeur à l'Ecole hôtelière de Lausanne: «Traiter le virus comme un ennemi», paru le 6 février 2020
Coronavirus
«Traiter le virus comme un ennemi»
Yong Chen, quelles peuvent être les conséquences du coronavirus sur le tourisme chinois à travers le monde?
Je pense que l’impact du coronavirus sur le tourisme et l’économie en général est grave. Après une décennie de boom du tourisme extérieur chinois depuis 2008, le phénomène va décélérer ces prochaines années. Les Chinois vont devoir attendre sur les marchés intérieurs et extérieurs avant de récupérer leur pouvoir de consommation, et tout dépendra de la façon dont l’épidémie pourra être contrôlée par le gouvernement chinois et la communauté internationale. Mais malgré cela, on peut rester optimiste à propos de la confiance des consommateurs. Pour le tourisme chinois domestique et extérieur, la situation peut devenir dévastatrice, car son développement est devenu de moins en moins attractif, avant même l’épidémie. Les touristes et les voyageurs d'affaires pourraient privilégier d’autres destinations en Asie-Pacifique.
Et sur le tourisme hôtelier en Suisse en particulier…
A mon avis, l’épidémie concernera moins l’industrie hôtelière suisse que les destinations qui dépendent essentiellement du tourisme. Le tourisme donne qu’une petite contribution économique au PIB suisse. Le nombre de touristes chinois reste peu important, bien qu’il ait considérablement augmenté ces dernières années. Le tourisme n’est pas le pilier économique de la Suisse, son économie reste très diversifiée. Toutefois, cela peut frapper fortement les hôteliers travaillant avec des acteurs chinois. Si la situation autour du virus se détériore, l’économie suisse et même l’économie globale pourraient souffrir de ce que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme un problème sanitaire majeur.
En tant que professeur chinois, comment percevez-vous le sujet du coronavirus dans son traitement par les médias chinois et occidentaux. Est-ce que vous pensez que le point de vue occidental diffère de la vision asiatique en matière de santé?
Je m’informe à travers la BBC et CNN, qui rapportent les faits vus dans les médias chinois. On trouve toujours des préjugés dans les médias internationaux mainstream quand l’information vient de Chine ou de tout autre pays avec un système politique différent. L’essentiel est de traiter le virus comme un ennemi de la communauté internationale. Même si l’origine du virus se situe dans la province du Wuhan, labelliser le virus comme chinois, cela peut enflammer l’antagonisme entre les peuples, non seulement à l’égard de la Chine, mais aussi entre la Chine et les autres pays très touchés par la maladie. Le tourisme peut favoriser la compréhension mutuelle entre les peuples. Je ne pense pas qu’il y ait une différence fondamentale entre les perceptions orientales et occidentales de la santé.
Evoquez-vous ce sujet dans vos cours avec vos étudiants?
Nous sommes en vacances d’hiver en ce moment. Mais ce virus ne me semble pas différent des autres épidémies dans l’histoire de l’humanité, dont il faut considérer les effets sur un long terme.
Pourriez-vous conseiller des hôteliers suisses sur l’accueil des hôtes chinois?
Un tel changement de la demande ne peut pas être contrôlé par une profession. Le meilleur moyen pour eux est de suivre les recommandations de l’Office fédéral de la santé publique et de l’OMS pour savoir comment accueillir les hôtes sans laisser le virus se répandre. L’industrie hôtelière doit être bien préparée à accueillir des personnes qui, même si elles n’ont eu aucun contact avec des touristes chinois, peuvent avoir voyagé en Chine ou dans d’autres pays où les cas sont confirmés. Je ne pense pas qu’il y ait des touristes de loisirs chinois en ce moment, parce que toutes les villes et environ préviennent les gens de ne pas sortir du pays pour des voyages internationaux. Mais les voyages d’affaires ne peuvent pas être arrêtés.
Spécialiste de l’économie du tourisme
Depuis janvier 2014, Yong Chen est professeur assistant à l’Ecole hôtelière de Lausanne. Il enseigne le marketing et l’économie du tourisme et des métiers de l’accueil. Il a publié des articles dans «Tourism Management», «Journal of Travel Research» et «International Journal of Contemporary Hospitality Management». Titulaire d’un doctorat en Hospitality et Tourism Management de l’Université de Hong Kong, il analyse le comportement touristique.
En général, quels sont les principaux changements que vous observez dans le tourisme chinois?
Depuis que la demande touristique dégringole, il peut y avoir une série de banqueroutes dans le monde de l’hôtellerie et de la restauration en Chine. Des incompréhensions gouvernementales conduisant à payer des salariés qui restent à la maison pourraient exacerber la situation.
Pourquoi la Suisse reste très attractive pour le touriste chinois?
Je pense que l’Europe a toujours tenté les Chinois pour sa culture diversifiée, son histoire et sa prospérité. Dans ma génération, née dans les années 80 et plus tard, nous ne sommes pas étrangers à la tradition européenne, parce que nous restons fascinés par les écrivains, scientifiques, philosophes et évènements historiques bien relatés dans nos livres. Ces expériences de lecture traversent nos esprits et nous motivent à voyager en Europe, si nous en avons l’opportunité. La Suisse reste une des économies les plus développées d’Europe. Très connue pour ses paysages, son apport à travers les sciences et les technologies comme son savoir dans la manufacture et les services. L’image de la Suisse en Chine reste très positive et attirante. Les Chinois ne viennent pas en Suisse comme touristes mais pour apprendre de leurs hôtes.
Comment pourrait-on rendre l'expérience du voyage dans notre pays plus accessible aux touristes chinois?
Je pense qu’il reste important de donner des informations en mandarin ce qui change considérablement le comportement des hôtes. D’un autre côté, il faudrait que les différents partenaires comme les hôtels, les transporteurs et les prestataires de loisirs se coordonnent à travers des forfaits à coûts réduits. Voyager en Suisse reste cher.
Que pensez-vous de la politique de Suisse Tourisme en Chine? Vous semble-t-elle justifiée?
J’ai une petite connaissance de la promotion touristique suisse en Chine, mais je pense qu’il ne faudrait pas se focaliser sur le nombre. Le tourisme de masse ne peut pas devenir une option pour la Suisse. Il serait intéressant d’attirer des touristes sur toute l’année et pas seulement sur des pics saisonniers. L’attention devrait être attirée vers de nouveaux cantons comme le Tessin, pas encore très populaire en Chine. L’ensemble de l’expérience se diversifie et l’offre peut se réguler.
Autre article en lien avec le coronavirus: «Le scénario du pire devrait pouvoir être évité», paru le 6 février 2020.