«C’était un projet d’ambition, bien pensé, avec un positionnement particulier. C’est dommage pour le développement de la région», a indiqué jeudi Guillaume Lachat, le directeur de Jura Tourisme. La veille et par 47 voix contre 17, l’assemblée communale de Bonfol avait refusé de poursuivre le projet destiné à mettre en valeur le site de l’ancienne décharge de produits chimiques utilisée de 1961 à 1976 par la chimie bâloise. Faute de fonds suffisants, la fondation «Mémoire Art et Forêt – Bonfol» avait redimensionné le projet, ramenant le coût de 5,6 millions à 2,6 millions de francs.
Ce projet mémoriel – qui devait rappeler les erreurs du passé, mais montrer aussi les capacités de restauration – et touristique portait sur l’aménagement d’une toiture sur le mur de 200 m. qui soutenait la structure couvrant la surface à assainir. L’espace intérieur ainsi créé proposait aux visiteurs du «Refuge» – c’est le nom qui lui avait été donné par les trois Jurassiens qui l’avait imaginé – différentes zones pour des «expériences sensorielles puissantes», des surfaces de rencontre et des hébergements insolites. L’idée d’une tour conçue par l’architecte Mario Botta avait été abandonnée. Pour Yannis Cuenot, co-président de la fondation «Mémoire Art et Forêt», c’était une «occasion unique» en Suisse d’instaurer une démarche qui réaffectait à la nature d’un lieu qui a avait été malmené.
Responsable de la mise en tourisme du projet pour le compte de TalentisLAB – une entité de Jura Tourisme –, Aliette Freléchoz ne cache pas son «incompréhension» du refus de l’assemblée communale. Pour elle, «la réalité historique du projet n’a pas été comprise». Ce dernier, dit-elle, représentait «une réelle création de valeur sur un thème unique». A l’origine, le site devait accueillir quelque 30 000 visiteurs par an, générant environ 1,5 million de francs de retombées économiques au niveau cantonal.
La région de Bonfol n’en garde pas moins quelques atouts touristiques. Elle possède notamment un musée de la poterie et, surtout, des étangs. «Ce sont des lieux riches en faune où la nature est préservée. Les balades qu’ils proposent sont plates et pas trop longues», indique Guillaume Lachat. On citera également le Kilomètre O qui marquait la convergence des trois fronts de la Guerre de 14-18 et qui a été revalorisé. Mais comme le souligne encore le directeur de Jura Tourisme, il s’agit-là de produits de niche qui n’ont pas la même portée en termes de fréquentation que le projet de Bonfol.