Les vignerons et châtelains de Reichenau dans les Grisons, Gian-Battista von Tscharner et son fils Johann-Baptista deviennent les parrains de la Semaine suisse du Goût 2024. C’est la seconde fois dans l’histoire de cette manifestation nationale, qu’un vigneron est choisi comme ambassadeur suisse du Goût. Après Marie-Thérèse Chappaz en 2009, ces sont donc deux vignerons ensemble père et fils qui seront les Parrains suisses du Goût 12 au 22 septembre 2024.
Gian-Battista von Tscharner incarne bien plus qu’un grand producteur de Pinot Noir, de plus confidentiels et merveilleux Completer, de liqueurs envoûtantes. Il produit même deux tonnes d’asperges croquantes par an élevées dans les eaux sablonneuses du Rhin. Son château mystérieux peut aussi s’enorgueillir d’avoir accueilli le tournage du film Jenatsch, durant plusieurs mois du très créatif fils d’hôtelier Daniel Schmid, avec Carole Bouquet. Il figure aussi parmi les premiers producteurs à intégrer la Mémoire des vins suisse où se fait entendre sa parole tendre et tonitruante.
Son fils Johann-Baptista impose un style différent. Très à l’écoute de ses interlocuteurs et avec un humour pince-sans-rire une personnalité, un regard singulier sur le vin, qu’on se plait à rencontrer notamment par ses activités auprès des Jeunes vignerons de Suisse.
Le 8 septembre 2002 en marge d’une dégustation à la Mémoire des vns suisses, nous écrivions ceci: «Les Pinots Noirs Gian-Battista von Tscharner, de Reichenau aux Grisons, prennent le temps de grandir, ils passent par seize mois de barrique et attendent trois ans avant leur commercialisation. Pour les dégustateurs professionnels, ces vins posent parfois problème. «On admire leur structure, mais on ne comprend pas toujours leurs aromatiques, il s'agit d'un produit de niche.» Andreas Keller complète: «Cela sort de la ligue de Pinots Noirs que nous connaissons, on est parfois choqués par un côté dur d'approche. On essaie de s'approcher d'eux et ils s'échappent, par contre ils deviennent merveilleux en mangeant par exemple un ragoût de sanglier et on remarque aujourd'hui que le public préfère ces vieux millésimes.» Ces propos illustrent très bien les différences notables entre le 2011 avec une dimension racinaire, une amertume, un goût de confiture d'airelles et le 2005 floral, ample, symphonique, voluptueux avec des arômes de cassis et même de pastèque. En 2002 on trouve cette dimension de doux-dur avec des parfums d'écorce qui soulignent la griotte.
«La Semaine suisse du Goût 2024 a la chance de se laisser représenter par des ambassadeurs généreux, truculents et passionnés, à l’image de leurs vins qui font rayonner le vin suisse», dit Nicolas Joss, directeur de Swiss Wine Promotion en guise de noble conclusion.