Les résultats du second sondage réalisé par GastroVaud auprès de ses membres le week-end dernier sont sans appel. Ils révèlent une lourde aggravation de la situation et présentent un secteur hautement miné, tant financièrement que moralement. Une réouverture partielle et tardive ne fera qu’empirer la situation, si les indemnisations 2020 ne sont pas accélérées et celles de 2021 clarifiées.
Pour la seconde fois cette année, GastroVaud a sondé ses membres électroniquement dans le but de quantifier leurs besoins et d’orienter ses revendications. Réalisé du vendredi 19 au lundi 22 février 2021, fort de plus de 500 réponses, il révèle une aggravation lourde de la situation depuis janvier.
L’ensemble des indicateurs ont viré au rouge vif, comme le démontrent les résultats suivants: Cas de rigueur: une accélération s’impose. ¾ des restaurateurs ont déposé leur demande d’indemnisation. Mais ¾ de ces derniers attendent encore un versement. L’augmentation annoncée des effectifs des gestionnaires de dossiers au sein de l’Etat doit permettre de libérer au plus vite la trésorerie nécessaire au sauvetage des établissements.
Paiement des charges: les impayés s’accumulent. Confrontés à la lenteur des indemnisations et à des trésoreries réduites à néant, 70,8% des restaurateurs présentent des retards de paiement. Les plus grandes variations entre janvier et février sont celles enregistrées dans le domaine des loyers (+6,3 points de pourcentage) et des impôts (+5,2 points).
Perspectives de viabilité: nette aggravation entre janvier et février. 12,5% seulement des entreprises s’estiment viables si le Conseil fédéral maintient tel quel son plan de réouverture. En comparaison avec janvier (où la perspective de réouverture était fixée au 1er mars), le nombre d’entreprises estimant ne plus être viables avec une perspective de réouverture complète reportée en mai est quatre fois plus important.
Perspectives en matière d’emploi: licenciements toujours plus certains. Alors qu’ils étaient 29,7% en janvier, les sondés sont désormais 35,9% à envisager de prochains licenciements, soit une hausse de 6,2 points de pourcentage...
Situation psychologique: 15,9% seulement des restaurateurs s’estiment en bonne santé. A l’inverse, ils sont 55,4% à affirmer être dans un très mauvais état (24,8%) ou dans un mauvais état psychologique (30,6%). Variantes de réouverture: Ni la variante du Conseil fédéral (trop lente), ni celle du Conseil d’Etat (trop contraignante avec ses fermetures à 18h00) ne convainquent les restaurateurs vaudois.
Moyens d’action: Si un tiers des entreprises se pliera aux décisions des autorités, 2/3 se disent prêtes à prendre part à de nouvelles actions, allant de la manifestation cantonale à l’ouverture illégale, en passant par la grève des paiements.
Au vu de ces sinistres résultats, GastroVaud estime que le régime actuel ne peut durer davantage. Les autorités doivent prendre leurs responsabilités pour éviter la rupture, et deux voies doivent être privilégiées: avec des conditions de réouverture qui garantissent la rentabilité des établissements et des conditions d’indemnisation qui évitent le naufrage de toute une branche, en cas de prolongation des fermetures. (htr/aca)
Restauration
«Un secteur au bord de la rupture»
GastroVaud publie les résultats de son sondage auprès de ses membres. Sur 500 entreprises interrogées 12,5% s’estiment viables.
image : Vincent Jendly