«Depuis une dizaine d’années, de plus en plus de femmes, épouses ou filles de vignerons, ainsi que quelques autodidactes, s’impliquent dans la gestion d’exploitations viticoles. En Suisse romande, plusieurs femmes dans la trentaine s’apprêtent ou viennent de reprendre le domaine de leurs parents, précise Pierre-Alain Rattaz, à l’origine de cette manifestation. Même si, au départ, certaines ont dû vaincre la résistance paternelle – «Ce n’est pas un métier pour les filles!» – la transition générationnelle s’opère en douceur et le monde viticole s’avère plus ouvert que l’on pourrait croire.»
L’objectif de cette journée n’est pas d’opposer les deux sexes mais plutôt de mesurer l’apport des femmes dans la filière vitivinicole où elles insufflent un vent de diversité porteur d’innovation. «Signe que le vin n’est plus seulement une affaire hommes, les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans la sommellerie ou l’œnologie. A l’école de Changins, les candidates au brevet fédéral de sommelier sont régulièrement plus nombreuses que les hommes (environ 60%) et la part de femmes suivant la filière conduisant au Bachelor en viticulture et œnologie est proche des 40%, un chiffre stable depuis plusieurs années», explique Pierre-Alain Rattaz. Dix-neuf vigneronnes, en provenance de toute la Suisse romande et du Tessin, feront déguster le meilleur de leur production lors d’une journée qui leur est dédiée.
«Nous sommes heureux d’accueillir au Casino de Morges les représentantes de cette nouvelle génération de vigneronnes qui ont su, avec une bonne dose de persévérance et de talent, se faire un nom – ou un prénom – dans le monde viticole», précise Robert Pontet, directeur du Casino de Morges. Elles seront accompagnées de quelques pionnières qui ont ouvert la voie, notamment la première femme à avoir obtenu sa maîtrise fédérale de caviste en Suisse. Trois ateliers, animés par Marie Linder et ouverts aux profanes et aux connaisseurs des deux sexes, rythmeront la journée, «l’occasion – peut-être ? – de faire tomber certains préjugés qui ont la vie dure : les femmes produisent-elles des vins singuliers ? ont-elles des goûts différents de ceux d’un homme?», se demandent les organisateurs.
Le premier atelier « Parler du vin, simplement » (samedi à 11h), expliquera aux participants qu’il est tout-à-fait possible de parler du vin avec un vocabulaire familier. Une dégustation décomplexée pour apprendre à exprimer son ressenti avec des mots simples. À 14h, « Le féminin dans le vin » tentera de vérifier s’il est vrai que les femmes ont un palais différent ou qu’elles préfèrent des vins légers, souples ou liquoreux ? Enfin, à 16h, «un match-dégustation» à l’aveugle mettra aux prises trois pinots noirs vinifiés par des hommes et trois par des femmes, l’occasion de savoir si le vin a un sexe, ou pas… (htr/aca)