Les métiers de notre secteur sont aujourd’hui étiquetés comme étant un domaine où l’humain peine à s’épanouir. Les nouveaux candidats sont plutôt à la recherche d’un job alimentaire que de vivre leur passion pour le métier. La grande démission qui a suivi la crise sanitaire et la pénurie grandissante de personnel qualifié nous font tirer la sonnette d’alarme afin qu’on agisse.

Aujourd’hui, 58% des entreprises du secteur de l'hôtellerie et de la restauration ont signalé une pénurie de personnel. Un chiffre déjà colossal, dont la montée est presque assurée d’ici à 2025, additionné à un taux de rotation extrêmement élevé et une difficulté accrue d’attirer et de retenir des talents qualifiés. En 2021, seulement 16% des jeunes suisses ont déclaré envisager une carrière dans l’industrie hôtelière et de la restauration.

Un retour à l’essentiel
Le Seco a publié la brochure «Protection contre les risques psychosociaux au travail – Informations à l’intention des employeurs». Les recommandations qui y figurent sont de grande qualité et sont effectivement indispensables dans notre industrie où l’humain est l’élément numéro un. Mais, concrètement, nous ne disposons pas de circuit clair pour s’en occuper, et un directeur ou un DRH ne dispose pas d’outils pour le faire en interne.

Je cite: «Les cadres dirigeants peuvent se heurter à des limites liées à leur fonction. La crainte du travailleur de subir des préjudices personnels en dévoilant ouvertement ses problèmes peut donner lieu à des témoignages déformés. C’est pourquoi il est généralement utile de recourir à des spécialistes externes possédant des connaissances spécifiques en psychologie du travail et de l’organisation.»

Or, si on regarde les organismes de coaching en entreprise, les seuls qui fournissent des accompagnements individuels ou en groupe à ce sujet, il n’y a pas de vraie prise en charge efficace, certifiée et continue comme on pourrait trouver quand on recherche une formation pour les risques d’incendie et la sécurité à titre d’exemple. De plus, le coût du déploiement de telles interventions freine beaucoup de dirigeants.

Un plan d’action accessible
La création d’un label marque employeur suisse dans l’hôtellerie et la restauration placerait la Suisse en positionnement de pionnière en matière de durabilité et de responsabilité sociale. Une telle initiative améliorerait également l’image de notre industrie et redonnerait confiance aux efforts continus du secteur visant à se réinventer. L’idée est de créer un label à l’instar de Swisstainable pour l’écologie lancé par HotellerieSuisse après le Covid.

La création d'un label marque employeur placerait la Suisse en pionnière en durabilité.


Acquérir ce label sous condition de déployer dans un premier temps un plan d’action accessible en interne et inspiré des dernières études de psychologie transpersonnelle et de neuroscience cognitive. Acquérir le label signifiera qu’un employeur adhère au fait que «la croissance personnelle est un droit» et que la culture de son établissement se démarque et se distingue par un réel intérêt en l’humain.

Le but est de venir au service de ceux qui le sont au quotidien et d’œuvrer contre le manque d’attrait des conditions de travail dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration et sa stigmatisation. Ainsi qu’élargir le champ d’action de la durabilité en incluant l’humain pourrait avoir un impact très positif sur l'ensemble de l'industrie touristique du pays et certainement nous préparer à mener à bien cette grande reprise en vue. 

La Suisse est déjà connue pour sa qualité de vie et sa culture axée sur la santé et le bien-être, donc devenir le premier pays européen à créer ce label renforcerait cette image et attirerait peut-être plus de touristes et d'investisseurs qui partagent les mêmes valeurs. En outre, cela pourrait également encourager d'autres secteurs d'activité à adopter des mesures similaires, ce qui aurait des effets positifs à plus grande échelle.

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Dina Sache