490 décès et plus de 24'300 personnes contaminées au moment de rédiger ces lignes. L'épidémie qui agite et inquiète la planète impacte désormais aussi le tourisme. Vols suspendus, annulations de réservations ou même de grands événements, à l’image de Swatch Group qui a annoncé lundi renoncer à son salon début mars à Zurich. En Suisse, les professionnels de la branche se préoccupent de la situation, sans céder à la panique. Vous autres hôteliers et acteurs touristiques semblez relativiser les pertes: cet épisode arrive «par chance» durant une période de basse saison pour les hôtes chinois. Vous nourrissez l’espoir que ces réservations annulées soient reportées. On ne peut que soutenir votre optimisme, votre flexibilité et votre désir d'hospitalité à l'égard de ces hôtes.
Cette situation de crise nous incite aussi à nous interroger sur l’importance du tourisme chinois en Suisse. Elle pose la question de notre dépendance, notamment celle de certains hotspots comme Lucerne et Interlaken. Les Chinois sont certes devenus le quatrième marché étranger, devant la France. Mais plus que le nombre de nuitées générées – 4,5% des nuitées hôtelières suisses – c’est surtout la croissance en flèche qui impressionne. Tout comme le fort pouvoir d’achat. Ce marché contribue à la prospérité du tourisme helvétique, mais de façon très inégalitaire. Les régions ayant bâti leur succès sur le tourisme asiatique – dont la Chine – seront plus durement frappées par cette situation. Le coronavirus révèle la fragilité d’une stratégie qui consiste à concentrer ses efforts sur un marché spécifique. Mais la nécessité de diversification incombe aussi aux organes de promotion touristique. Nous ne pouvons que les encourager à vendre d'autres coins de Suisse. Il en va d'une meilleure gestion des flux touristiques, d'une répartition plus juste des chances et des risques.
Lire nos deux articles à ce sujet: «Traiter le virus comme un ennemi» et «Le scénario du pire devrait pouvoir être évité»