Longtemps la Suisse ne pensait pas devoir se préoccuper d’un afflux trop massif de visiteurs. Les soucis actuels de Barcelone, de Venise, de Dubrovnik sont encore bien loin des nôtres. Et pourtant, de-ci de-là commencent à s’élever des voix, se plaignant de trop de touristes sur le Pont de la Chapelle à Lucerne, à Interlaken ou à Grindelwald.
Le problème est particulièrement inquiétant lorsqu'il touche les sites naturels. A l'image du Creux-du-Van, qui draine chaque année 100'000 personnes. Ce volume nuit aujourd'hui à la flore et à la faune. Face à cette problématique devenue polémique, les solutions pour canaliser ces flux peinent à faire l'unanimité. Le projet du Canton visant à protéger le site se heurte à des centaines d’oppositions: des associations de protection de la nature qui estiment que le texte ne va pas assez loin, des grimpeurs qui verraient leur plaisir diminuer, des agriculteurs qui craignent pour leur exploitation. Pendant ce temps, les touristes continuent d’affluer, nuisant à la vitalité et à la pérennité du site.
Un nouveau dilemme se pose pour le tourisme: comment valoriser ses atouts naturels tout en les préservant? Dans une destination comme la Suisse, qui se vend avant tout avec ses beautés naturelles, les responsables touristiques et les autorités ont tout intérêt à se pencher sur cette question avant qu'elle ne se mue en un véritable casse-tête.
Lire l'article «Le Creux-du-Van souffre toujours», paru le 6 septembre 2018