L'ancienne star de la pâtisserie Philippe Guignard se retrouve lundi au tribunal. Le Vaudois est accusé d'escroquerie pour avoir grugé seize personnes avec un projet immobilier et utilisé leur argent - plus de trois millions de francs - pour éponger des dettes. Outre Philippe Guignard, trois comparses se retrouvent sur le banc des accusés pour complicité d'escroquerie.
L'audience de cette affaire touffue, dont l'acte d'accusation s'étale sur 62 pages, est prévue sur huit jours à la salle d'audience cantonale de Renens. Les faits incriminés remontent à l'automne 2011 tandis que l'empire Guignard vacille. L'entrepreneur-pâtissier, qui exploite alors plusieurs établissements à la Vallée de Joux, Orbe, Yverdon ou Lausanne, fait face à d'importantes dettes.
Lâché par les banques, il imagine un stratagème pour attirer des bailleurs privés dans un projet immobilier à Orbe. L'objectif consiste en réalité à prendre cet argent pour combler les besoins en trésorerie de sa société Guignard Desserts Orbe SA et régler ses dettes personnelles, relève l'acte d'accusation. Pour mener à bien son plan, Philippe Guignard compte sur sa notoriété. Avec l'un de ses complices, il cherche aussi à «crédibiliser l'imposture» en créant un «simulacre d'un fonds de placement», écrit le procureur Anton Rüsch. Une brochure commerciale est même élaborée «en vue d'appuyer toute démarche auprès d'autres dupes». Cette plaquette détaille le projet immobilier, qui comprend un laboratoire de pâtisserie, des magasins, une station-service et 32 appartements. Celui-ci contribue notamment à convaincre la première victime en vantant «mensongèrement» la solidité du projet, poursuit l'acte d'accusation. Cette première victime, un entrepreneur, tombe dans le panneau en novembre 2011 en versant 1,5 million de francs.
Par la suite, quinze autres personnes se font berner entre janvier 2012 et novembre 2013 pour un montant total de 1,7 million de francs. Cet argent ne suffit toutefois pas à sauver Philippe Guignard de la banqueroute. Sa société tombe en faillite en 2014 et le pâtissier est lui-même déclaré en faillite personnelle quelques mois plus tard. Atteint dans sa santé, une dépression dont il ne s'est jamais caché, l'ancien président du Lausanne-Sport (2002-2006) a tenté de se relancer en 2015. Mais son nouvel établissement à Orbe a dû fermer au printemps 2019, Philippe Guignard ayant été rattrapé par la maladie. Outre l'escroquerie par métier, le chef déchu de 57 ans doit répondre de gestion déloyale aggravée et gestion fautive. L'affaire est jugée par le Tribunal correctionnel d'arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, délocalisé pour l'occasion à Renens en raison du coronavirus. (ats)