Le Grand Hôtel des Endroits se sort plutôt bien de l’épisode violent d’intempéries du 24 juillet dernier, car pour la troisième année consécutive, l’établissement ferme ses portes, cette fois-ci trois semaines pendant l’été. Et qu’il s’agissait précisément du premier jour de fermeture, sans presque personne dans l’hôtel. A part la cheffe de réception qui ne savait pas d’emblée comment rentrer chez elle, car les voies d'accès restaient impraticables et jonchées d'une centaine d'arbres. Ainsi que la directrice Véronique Colombel-Vogt qui vit dans le bâtiment avec sa famille.
La directrice explique: «Malgré la force incroyable de cette tempête, ce grand nuage blanc surnaturel, par chance tous nos parasols sur la terrasse étaient fermés. On a d’abord entendu des sirènes retentir comme dans un mauvais film, puis vu des tuiles voler, une grosse cheminée tomber, huit panneaux solaires exploser, des vitrages se casser. On a vu avec nos yeux sans réaliser. Pourtant, beaucoup de gens ont eu le réflexe de fermer les fenêtres.»
Le 7 août, l'hôtel a rouvert 44 chambres sur 55
Une heure après le drame, vers 12h30, les hôteliers invitent tous les voisins touchés à manger des filets de perche qui restaient dans les frigos. Soudain, un policier stressé arrive à pied pour les prévenir qu’une deuxième vague peut se manifester, qui finalement s'est avérée bien moins forte qu'attendue.
«Nous nous sommes rendu compte de la gravité de la situation dans un deuxième temps, avec l’électricité coupée chez nos voisins, la forêt déracinée qui donnait tout à coup une vue claire sur la ville. Ou lorsque certains de nos employés en vacances prenaient des nouvelles.» Une planification de l’entretien des chambres en période de fermeture était déjà prévue: «Evidemment, il faut compter plus de temps lorsqu’il s’agit d’enlever des morceaux de tuiles sur les matelas.»
On a d'abord entendu des sirènes retentir comme dans un mauvais film, puis vu des tuiles voler.
Le 7 août, l’hôtel a rouvert comme prévu 44 chambres sur 55, «notre personnel s’est retroussé les manches, comme l’ensemble des habitants de la ville. On voyait des gens spontanément balayer les rues, aider leurs voisins. L’esprit montagnard fonctionne comme le prouvent les nombreuses cagnottes organisées». Elle décrit aussi une réalité de patrons qui ne peuvent pas attendre: «On a dû trouver des solutions immédiates pour remplacer des petites dalles le long de la piscine avec d'autres dalles de béton en stock, au lieu de recommander de la pierre en Italie.»
Elle salue la rapidité et la réaction des assurances
Véronique Colombel-Vogt décide rapidement d’envoyer une petite newsletter en priorité pour les 40 collaborateurs et les clients, mais sans publier beaucoup d’images: «On ne voulait pas rajouter du drame au drame.» Elle salue la rapidité de réaction des assurances comme l’Ecap et la Mobilière le jour-même, elle décide aussi de photographier toutes les chambres. Le lendemain matin, cinq pompiers venaient sécuriser la réception et le toit.
Après ce choc, Véronique Colombel-Vogt se réjouit de retrouver le fonctionnement normal de son 4 étoiles supérieur, qui affiche complet cet hiver à travers le tourisme d’affaires et l’espace wellness. Le nom de La Chaux-de-Fonds fut omniprésent dans les médias, elle pense qu'il faut continuer à en parler mais positivement, autour de ses emblèmes culturels comme la salle de musique et le théâtre à l'italienne.
Tourisme
Une ville sécurisée pourra vanter les charmes d'un automne sans nuage
Tourisme Neuchâtelois veut se concentrer sur un message positif: «La vie a repris, nous allons passer à autre chose.» Vincent Matthey, coordinateur Montagnes à Tourisme Neuchâtelois, va lancer prochainement une petite campagne sur les réseaux sociaux où des touristes témoignent de leur expérience dans la ville et les musées.
Après le 24 juillet, les questions des visiteurs ne manquaient pas. «Car le message officiel des autorités, au début, se concentrait plutôt sur un message qui incitait les gens à ne pas venir, ce qui touristiquement n’est pas idéal», explique Vincent Matthey. «Il fallait pouvoir sécuriser la ville pour pouvoir à nouveau organiser des visites guidées.»
Le nom de la région aura eu une place tragique dans les médias cet été. Vincent Matthey tient à redire la beauté de l’automne au-dessus des nuages, dans la cité horlogère, et espère accueillir de nombreux passionnés de style sapin.
Une situation complexe à résoudre
La maison du restaurant Siam Orchidée située au Crêt-du-Locle, au centre du violent orage du 24 juillet à La Chaux-de-Fonds, a été complètement éventrée. Mais plus d'un mois après, le propriétaire se dit à nouveau prêt à cuisiner pour ses clients.
Les images de la maison du restaurant Siam Orchidée du 24 juillet complètement dévastée restent très spectaculaires. Elles provoquent une grande émotion plus d’un mois après les quelques minutes d’intempéries très violentes qui défigurent aujourd’hui encore La Chaux-de-Fonds.
Jean-Claude Pannetier, créateur du restaurant, vit en Thaïlande, il a pris l’avion le jour même pour venir soutenir son beau-fils Jirawat Jun-en, l’actuel propriétaire. Il décrit une situation complexe pour un établissement touché en première ligne dans l’épicentre du Crêt-du-Locle. «Les premiers jours, beaucoup de personnes venaient nous voir, aujourd’hui, de moins en moins.» Car le paradoxe de sa situation reste que seuls le restaurant et la salle ont survécu à l’ampleur des dégâts. Il décrit un outil de travail non touché au rez-de-chaussée, qui lui permet de travailler et qui a été sécurisé en huit jours. Ces trois employés et son beau-fils aimeraient cuisiner, réactiver le service traiteur.
Le restaurateur attend une prochaine réunion
Jean-Claude Pannetier ne comprend pas qu'on ne lui donne pas rapidement la permission d’ouvrir l’établissement. Expert responsable des sinistres à l'Etablissement cantonal d'assurance et de prévention (Ecap), Massimo Vitalba explique: «Il faudra étudier la solution d'une entrée provisoire, d'un sas de sécurité, et s'assurer de l'étanchéité de la bâche au-dessus de la cuisine avant que le restaurateur reprenne ses activités. Mais cette décision ne nous appartient pas.» L'expert explique que l'urgence consistait dans un premier temps à sauvegarder et à protéger le bâtiment, ainsi qu'à établir un chiffrage des dégâts. Il précise que dans ce cas plusieurs dizaines de milliers de francs ont déjà été versés par l'Ecap et que le restaurateur dispose de l'accompagnement d'un architecte, dont les honoraires sont intégrés dans ces prestations. Le restaurateur attend une prochaine réunion organisée avec tous les partenaires: «Car le manque à gagner reste important et on ne peut pas vivre éternellement avec des seaux sur nos têtes.»
Les premiers jours, beaucoup de monde venait nous voir, aujourd'hui, beaucoup moins.
Un magnifique geste de l'Hôtel de la Fleur de Lis
Jean-Claude Pannetier tient à relever le geste de l’Hôtel de la Fleur de Lis, au Locle, qui a accueilli sa famille en mettant quatre chambres à disposition tout de suite. «Quand on n'a plus rien pour dormir et qu’un ami restaurateur contacte Mathieu David que l’on ne connaît pas et qu’immédiatement il nous dit de venir, on ne peut que saluer ce geste magnifique.»