En arrivant aujourd’hui au Grand Hôtel des Rasses toujours s’impose cette vue à couper le souffle sur le balcon du Jura, comme quand il fut érigé en 1898 sur une terrasse entre la ville de Sainte-Croix et le village de Bullet. «Un plongeon sur la vallée, une vue que l’on respire, l’on ressent et qui vous le rend bien», partage Christelle Luissier, conseillère d’Etat vaudoise, lors d’une soirée d’exception.

L'hôtel touche surtout une clientèle alémanique
Le trois étoiles au charme Belle Epoque, vendu en 2011 au groupe Boas, fêtait en ce début juin son 125e anniversaire réunissant pour l’occasion 400 invités. Une région qui aime regarder son passé à travers une collection de cartes postales de 1800 à 1950 exposée pour l’occasion, un hôte sort une photo lui rappelant son premier séjour voilà 70 ans.

Directeur du Grand Hôtel des Rasses depuis fin 2015, Patrice Bez parle avec fierté de «cet emblème de la région qui attirait d’abord une clientèle riche, notamment la bourgeoisie neuchâteloise, et qui a su se démocratiser» comme en témoigne le programme musical de la soirée composé de schwyzoises, d’un brass band de la région et d’un crooner rappelant peut-être plus au directeur ses dix ans de manager au Club Med.

Cet emblème de la région qui attirait une clientèle riche a su se démocratiser.
Patrice Bez, Directeur du Grand Hôtel des Rasses depuis fin 2015

L’hôtel touche surtout une clientèle alémanique à 65% et attire aussi une clientèle française frontalière d'environ 10%, beaucoup de familles se retrouvent pour le week-end, alors que la semaine, environ 20% de clientèle sénior vient y chercher du calme.

Avec son restaurant Belle Epoque, au plancher d’origine rénové à hauteur de 150 000 francs, et l’implication du chef Sébastien Mazet, depuis sept ans, pour dénicher des produits de la région, la clientèle locale répond présente. Cet établissement de 45 chambres propose aussi deux restaurants, un espace spa et wellness et une piscine.

Les infrastructures du spa seront améliorées
Aujourd’hui, le Grand Hôtel peut s’enorgueillir d’accueillir autant le club de pétanque, des séminaires, un mariage de 150 personnes ou même en 2018, le conseiller fédéral Ignazio Cassis.

De 2019 à 2022, de nombreux travaux de rénovations ont été entrepris sur trois des quatre étages. Patrice Bez affirme que ces prochaines années, il faudra améliorer les infrastructures du spa pour satisfaire aux nouvelles exigences de la clientèle loisirs. Le dernier étage et la façade extérieure figurent aussi au programme des rénovations. Enfin, deux terrains constructibles sous l’établissement permettront une extension d’ici deux à trois ans. Tous ces projets devraient se chiffrer à environ 3 millions de francs.

En septembre, l’hôtel accueillera une exposition d’affiches touristiques vintage des années vingt, remises au goût du jour par un jeune illustrateur. Un trait d’union entre les époques.


Un certain style

Les codes d'un label historique

Patrice Bez, directeur du Grand Hôtel des Rasses, se souvient de l’engagement d’Evelyne Lüthi-Graf, ancienne directrice des archives hôtelières suisses, afin que l’établissement rejoigne la soixantaine de Swiss Historic Hotels. «Elle a évalué la réalisation des projets de rénovation. Parfois, de simples petits changements se révélaient suffisants, tels que l’ajout d’éléments décoratifs historiques trouvés dans les Grisons ou dans le Jura, comme des meubles, des lustres et des chaises parfaitement authentiques.»

«Bâti dans le style dépouillé d’un hôtel de montagne, à 1200 mètres d’altitude, le Grand Hôtel des Rasses était constitué de deux ailes, auxquelles est venu s’ajouter un jardin d’hiver en 1904», précise Benno Furrer, membre du jury d’Icomos, lors de la remise du prix de l’Hôtel historique de l’année pour 2019. 

Alexandre Caldara