Adrien Genier, en tant que directeur de Genève Tourisme, comment gérez-vous les différentes annulations d’évènements qui se succèdent dans votre ville dues au coronavirus?  
Il faut peut-être commencer par dire que la situation s’est accélérée ces derniers jours en Suisse, après la décision du Conseil fédéral d’interdire toutes les manifestations de 1000 personnes et plus, jusqu’au 15 mars. En moins d’une semaine, de nombreux évènements ont été annulés ou reportés. Donc nous veillons principalement à tenir à jour tout ce flux à travers la mobilisation de tous nos collaborateurs. Depuis janvier déjà, nous relayons les recommandations des autorités compétentes: l’OFSP en matière de santé publique, Suisse Tourisme, HotellerieSuisse et GastroSuisse pour les questions spécifiques à la branche.

Mais les annulations du Salon de l’auto puis du Salon de l’horlogerie restent particulièrement marquantes pour le monde du tourisme…  
Oui, absolument. Chacun de ces évènements phares représente environ 30'000 nuitées hôtelières sur un total de 3,2 millions de nuitées annuelles à Genève. Avec des valeurs d’hébergement extrêmement élevées, importantes pour la destination.  Depuis la décision du Conseil fédéral vendredi dernier, nous renforçons nos efforts de coordination avec nos partenaires hôteliers et non-hôteliers, afin d’évaluer l’impact pour la destination à court terme. Nous sommes aussi en contact permanent avec l’Etat de Genève, tout comme avec nos grands clients de congrès.

On peut qualifier la destination genevoise de singulière…
Oui, car nous touchons quatre publics, avec le loisir, les congrès, les délégués internationaux et le tourisme d’affaires. Nous dépendons en grande partie du tourisme d’affaires, comme Bâle et Zurich. Et on constate que l’industrie horlogère a restreint ses voyages et ses réunions, tout comme le monde bancaire, qui multiplie aussi les interdictions.

Et si la Genève internationale venait à être largement touchée?
Un quart de nos nuitées repose sur le segment des délégations internationales. A l’heure où je vous parle, l’Assemblée mondiale de la santé, qui aura lieu en mai, ou le congrès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle sont maintenus. Mais dans cette situation très dynamique, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles directives qui pourraient impacter une partie de ces nuitées.

Coronavirus: des réponses aux questions de la branche
Quelles conditions d'annulation prévalent en cas de suppression d'un grand événement, de maladie ou de la peur d'un hôte de se rendre dans la destination? Que faire si un collaborateur est malade ou craint de le devenir? Quelles mesures s'appliquent si un hôtel tourne au ralenti et nécessite moins de collaborateurs? HotellerieSuisse a compilé une liste de questions-réponses spécifiques à la branche du tourisme et de l'hôtellerie-restauration. Elles sont actualisées en fonction de l'évolution de la situation. 

hotelleriesuisse.ch/coronavirus

Des réunions de crise avec vos différents partenaires sont-elles déjà mises sur pied?
Non, pas pour le moment. Certains contacts téléphoniques notamment avec les hôteliers ont été intensifiés. Nous les sondons sur des sujets précis. Mais encore une fois tout se passe très rapidement, et nous ne nous situons pas dans le temps de l’organisation des réunions qui se mettront en place en temps voulu.

Quelle est la priorité de votre communication de crise?
Nous sommes attentifs aux questions et interrogations de nos partenaires et de nos collaborateurs. Nous sommes engagés dans ce dialogue et devons éviter de céder à la panique.

Avez-vous déjà des pistes pour relancer le tourisme après cette épreuve majeure?
Evidemment, nous n’avons pas attendu cette décision de la Confédération pour regarder plus loin. Nous saurons comment réagir en temps voulu sur nos marchés de proximité, notamment avec des plans d’action sur les courts séjours. Ceux-ci nécessiteront une communication active, des budgets et des équipes dédiées. Nous nous y préparons activement.  

Mais aujourd’hui vos priorités restent ailleurs…
On se concentre sur l’urgence sanitaire et rassure les autres acteurs. Il faut maîtriser une situation critique et ne pas surjouer la résistance.

Qu’est-ce qui vous semble le plus important pour le moment?
Nous devons travailler sur des actions réfléchies. On ne peut pas agir dans l’urgence et la précipitation, il ne faut en aucun cas gesticuler.

On vous sent serein malgré l’ampleur considérable de cette crise…
Je suis capitaine de voilier et je sais que paniquer peut amener au pire.

Un dernier point qui vous semble capital dans votre gestion quotidienne de cette situation hors norme?
Je voulais souligner la qualité de la collaboration avec Suisse Tourisme, avec qui nous échangeons depuis le début de la crise du coronavirus, en janvier. La clarté des
informations permet aux destinations touristiques de communiquer sur une ligne commune. Cela me semble capital.